Le Parfait inconnu, de E. J. Preston est un livre comme un autre dans la bibliothèque de Catherine Ravenscroft, réalisatrice de documentaires. Sauf que ce livre raconte son histoire, dévoilant le secret qui la hante depuis des années, un secret dont elle a voulu préserver son mari, Robert, et son fils Nicholas — surtout que le livre en question se conclut par sa mort à elle. Qui peut donc lui en vouloir après plus de vingt ans ? Il pourrait s'agir de Stephen Brigstocke, ce veuf universitaire à la retraite et écrivain raté. Catherine s'aperçoit alors qu'elle a brièvement connu son épouse, Nancy, de son vivant. Mais pourquoi lui en voudrait-il à ce point ? Et pourquoi maintenant ?
Un premier roman assez typique du thriller anglais actuel avec un fonds intéressant, mais une forme discutable. Pas de doute, le point de départ est intriguant, les rebondissements bien agencés, le tout se suit malgré un certain nombre d'éléments qui ne s'imposaient pas, et le basculement final est plutôt bienvenu jusqu'à une conclusion douce-amère. Mais c'est au prix d'une narration heurtée qui manque de fluidité, avec une langue dépourvue de descriptions ou notes d'ambiance, ce qui nous donne l'impression que l'action se déroule dans un espace virtuel sans présence physique. Du coup, le résultat évoque ces téléfilms au scénario pas inintéressant, mais gâchés par l'habituelle moulinette télévisuelle avec sa mollesse et sa narration lisse, dont on espérerait qu'un réalisateur de premier plan s'empare du sujet (on imagine ce que Patricia Highsmith eût fait de cette histoire toute en faux-semblants…). Le public visé devrait être satisfait.