Milo Sturgis, le policier du LAPD, et Alex Delaware, son ami psychologue, sont chargés d’une nouvelle enquête. Ellie Barker, une riche femme, fait pression pour que l’on rouvre l’enquête sur la mort de sa mère, des décennies plus tôt. Dorothy aurait été abattue d’une balle dans la tête, puis le corps aurait été jeté dans une voiture et le tout dans un ravin. Trois enquêteurs, à différentes périodes, ont travaillé sur l’affaire, mais sans jamais aboutir à rien. Les deux hommes décident de reprendre l’enquête en multipliant les angles et surtout en étudiant les points qui auraient été évités ou qui pourraient poser problème. Le premier est simple : si on s’est interrogé sur l’endroit où a été déposé le corps, personne ne s’est posé de questions sur la voiture dans laquelle le corps a été retrouvé. Or, elle appartenait à une société possédée par un riche propriétaire qui, après la mort de sa femme, entretenait un harem de jeunes femmes chez lui, plus pour les yeux que véritablement par obsession sexuelle. Mais les filles en question étaient fortement jalouses les unes des autres, et même certains ont des doutes sur la façon dont serait morte la première femme. Les deux détectives se posent de plus en plus de questions car certaines morts, autour des suspects, apparaissent étranges. La première épouse du riche, des jeunes femmes logées dans la villa et qui ont disparu, certains des policiers mêlés à l’enquête et dont les accidents de la route sont bizarres. De quoi compliquer l’enquête et surtout se poser de nombreuses questions, des questions ardues à poser, car les témoins sont vieux, morts ou très difficiles à retrouver après des changements de noms, de régions, voire d’État. Mais cela n’empêche pas de fouiller, de trouver et de dégoter des documents qui peuvent rafraichir la mémoire de certains. Et alors que les investigations avancent, de nouvelles agressions arrivent sur d’éventuels témoins, sur le petit ami de celle qui lança la nouvelle enquête, comme si les coupables étaient toujours en activité.
Nouveau roman mettant en scène Milo Sturgis et Alex Delaware, Serpentine est une enquête classique qui se partage de manière assez équitable entre la progression intellectuelle des deux enquêteurs pour trouver des solutions à chaque problème ou difficulté qui vient les contrarier – entre documents à fouiller, témoins, policiers ou suspects à interroger et toutes les vérifications nécessaires pour coller les morceaux du puzzle -, et de nombreux détails sur leur quotidien et de celui de ceux qui les entourent, leurs tâches professionnelles et les restaurants qui servent plus facilement que les bureaux de commissariat, à discuter entre eux ou avec ceux qui sont impliqués dans les crimes, d’une manière ou d’une autre. Dans ce volume, cette intrigue, plus basée sur les discussions que sur l’action pure (même si les « méchants » qui veulent bloquer l’enquête aident à ce que cela bouge), est très agréablement construite et montée, les descriptions des rencontres rendues avec soin. Elle s’accompagne même de quelques clins d’œil à la façon dont le duo des inspecteurs pourrait servir à la création d’une série policière télévisée de qualité. Après 36 volumes, Jonathan Kellerman parvient quelque peu à se renouveler. Et c’est plutôt une bonne chose.