La commissaire du XIXe arrondissement de Paris Clara Di Lazio est sur les nerfs et sur les dents. L’homme dont elle est amoureuse est parti parfaire ses études en criminologie à Quantico, aux États-Unis, son équipe a récupéré une affaire qui n’est pas de son ressort, et sa nièce va débarquer pour un stage en immersion au commissariat. L’affaire c’est celle du corps d’une femme découvert dans une cité. Une femme victime d’un coup donné par une arme contondante et qui a les mains crispées. Le légiste découvrira plus tard dans la paume d’une de se mains le code 734567B (et aussi sur un morceau de papier dans son estomac). L’enquête mènera toute l’équipe jusqu’à Anvers autour de boîtes à bébés après beaucoup de détours logiques dont un. Dans l’intervalle, Lilo, la nièce de Di Lazio débarque dans pour un stage, Issa, un jeune émigré clandestin mutique ou muet fait son apparition dans une cave à l’abandon, une jeune tétraplégique attend un traitement américain et Jules, le fils du Ministre de l’Intérieur, suit des séances chez une psy pour soigner ses addictions et son mal être. Des séances qui révèlent une âme très torturée. Heureusement, Clara Di Lazio peut compter sur le soutien sans faille de son équipe, sur les heureuses coïncidences amenées par Lilo, sa nièce, et par le rapprochement de cette dernière avec Jules. Et puis, il y a cette journaliste avec qui Clara sympathise et avec qui elle passe un deal. Quand l’étau se resserrera autour du domicile du Ministre de l’Intérieur, Clara Di Lazio comprendra qu’elle marche sur des œufs…
Sylvie Allouche ne ménage pas son héroïne. Alors que tous les ingrédients sont là pour qu’elle soit cabossée et bien cabossée par la vie, Clara Di Lazio retrouve un regain d’énergie auprès de ses collègues, la journaliste bavarde et sa nièce qui n’est pas en mal de maturité. Le roman multiplie les chapitres et les points de vue. Le lecteur a toujours, et c’est bien normal, un temps d’avance sur les enquêteurs. Le mystère, quant à lui, n’est absolument pas défloré avant les dernières pages car Sylvie Allouche a du métier et de la malice. Beaucoup de ses personnages énoncent à un moment donné « Sorry Mum », qui donne son titre à ce roman haletant et intelligent qui ouvre de nombreuses pistes de réflexion. Car à côté d’une simple enquête avec sa procédure, l’auteure multiplie les intriguent secondaires. Celle d’Issa est la plus importante et montre à quel point les forces de l’ordre sont démunies face à un désarroi social profond. Et puis, l’auteure est traitresse : elle plonge un de ses personnages dans le coma après avoir été tiré dessus par un dealer vengeur. Tout ceci est bien ficelé. A énormément de rythme. Le livre se dévore. Et l’envie de retrouver les personnages est là. Sylvie Allouche tient une série de qualité addictive.