Pour une fois qu'un roman ne nous ressert pas la même soupe, on ne va pas bouder notre plaisir, même si Trois jours à tuer peut aussi bien déconcerter qu'enthousiasmer le lecteur. Le portrait de ce Maximillion Cooper, chargé de toutes les qualités, tel le Hugo Rune (le gourou — coucou Paloma — créé par Robert Rankin, pas si éloigné dans l'esprit sinon la lettre) mélange de bling-bling et de bogosse attitude dopée au pognon et à la testostérone, ressemble à une caricature de tous les travers actuels, mais évite étrangement de verser dans la satire. Est-ce parce qu'il tient son nom d'un coureur automobile et fashionista bien réel, comme le précise Louis Lanher ? À travers cette « Ultimate Race » digne d'un épisode de la série vroum-vroum Fast and furious, on se doute bien que ce qui nous est raconté par ce jet-setter lui aussi ultime n'est pas à prendre au premier degré… Donc Maximillion Cooper participe à une course automobile de trois mille kilomètres entre Paris et Marrakesh, et se trouve un rival bien particulier, Kurt. Sans compter ses souvenirs – des intercalaires situés en 1979 qui mettent la puce à l'oreille. Pourquoi ce titre ? On s'en doute, on ne le saura qu'à la fin de ce roman sec et nerveux composé de chapitres courts qui vont à l'essentiel. Et après cette conclusion douce-amère, on sera bien en droit de se demander ce qu'on a lu exactement, tant le roman, au confluent de plusieurs genres sans appartenir à un seul, se prête à toutes les interprétations. Ou peut-être n'y a-t-il rien à comprendre ? Résultat, le tout peut emporter une adhésion inconditionnelle ou un rejet qui ne l'est pas moins. Ce qui est l'une des définitions intrinsèques d'une œuvre d'art…