CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 18
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ISBN : 978-2-7089-5854-8
Nombre de pages : 320
Format : 14x22cm
Année de parution : 2007
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10 / 10

Un seigneur en otage

Les machinations se mettent en place !

Au XIVe siècle, les manants rendent régulièrement hommage à leur seigneur. Lors de ce rite, ils reconnaissent : « … être homme lige, justiciable, corvéable et taillable à volonté… », puis, agenouillés, ils baisent les pouces du sire. Cette cérémonie, humiliante pour tous, est détestable pour Barthélémy. C'est l'occasion d'une nouvelle joute orale à l'issue de laquelle le sergent se retrouve en entretien très privé avec son seigneur. Celui-ci lui révèle qu'il part pour Londres, comme otage, avec une délégation de nobles qui remplacera le roi prisonnier, le temps de réunir l'exorbitante rançon exigée par les Anglais. Son départ l'inquiète car sa situation est fragile. De toutes parts, des individus aux appétits inassouvis sont à l'affut, tant parmi ses vassaux que parmi les puissances ecclésiastiques. Il soupçonne d'ailleurs l'évêque du Puy, et quelqu'un de plus puissant, de l'avoir « pistonné » pour être de la délégation. De plus, il a perdu, il y a un mois, son héritier, un garçonnet de deux ans.
Le sire de Randon veut envoyer Barthélemy, avec le titre de bayle, dans le Val d'Amblavès, là où sa décision de construire un nouveau moulin soulève des remous, avec pour mission de maintenir l'ordre. Il demande, également, qu'Ysabellis aille, en tant que guérisseuse, au château de Polignac où réside son épouse, pour être à l'écoute, en observation.
Barthélemy, dans un premier temps, préfère se présenter comme un commerçant qui cherche à s'installer. Très vite, il perçoit une tension qui se cristallise sur le moulin en construction, en amont des autres moulins exploités par le prieuré.
Au château, la position d'Ysabellis est difficile. Son statut de guérisseuse la met en opposition avec le médecin officiel de la dame et son attitude libre attire l'ire de la demoiselle, une mégère qui régit la vie quotidienne. Des bribes de confidences laissent supposer que la mort de l'héritier n'est pas aussi naturelle qu'elle parait et que la santé chancelante de la dame n'est pas due qu'au chagrin. Une attaque en règle du moulin en construction amène Barthélemy à partager la geôle où sont enfermés les casseurs, rossés d'importance par les soldats chargés de maintenir l'ordre…

Lætitia Bourgeois déplace le champ d'action de ses héros et les transporte du Gévaudan dans le Velay. Dans les précédentes affaires, Ysabellis se retrouvait impliquée dans les enquêtes de Barthélemy par ses relations étroites et privilégiées avec le héros. Cette fois, c'est le seigneur de Randon, lui-même, qui la charge d'une mission différente de celle de son mari. L'auteur alterne les deux parcours qui se recouperont selon les hasards et les péripéties du récit.
Elle fait une relation très réaliste de la vie des femmes, dans un château moyenâgeux, autour de la dame du seigneur. Elle dépeint et fait ressentir l'ennui distillé au cours de ces longues journées passées à des travaux d'aiguille, cadencées par les offices religieux et les repas. Elle décrit les rancœurs, les commérages, les bassesses, les médisances, les haines de ce microcosme où le poids de la religion étouffe toute velléité de liberté.
Avec Barthélemy, elle fait partager la vie d'un village, la lutte contre la pauvreté, les petits trafics, les liens entre les habitants et leurs rapports de dépendance. Elle met en scène le système répressif de l'époque, celui d'une justice plutôt expéditive et brutale.
L'aspect économique n'est pas négligé avec les conséquences de la construction, en amont, d'un moulin qui peut amener, lorsque les eaux de la Loire sont basses, une pénurie d'énergie pour tout ce qui est en aval. Elle dévoile les manipulations, les machinations de toutes natures auxquelles se livrent aussi bien les pouvoirs civils que religieux, les uns comme les autres étant aussi avides de profits.
Avec ces éléments, Lætitia Bourgeois construit une intrigue forte, aux développements orchestrés de façon habile et fait vibrer une tension qui force à tourner les pages pour découvrir une grande histoire de la petite Histoire.

NB – Ce roman se trouve aussi au format poche (Un seigneur en otage, 10-18 « Grands détectives » n° 4308, février 2010, 7,90 €).

Article initialement paru le 1 décembre 2009
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
… J'avais pour mission de conserver l'ordre, et le pays est sur le point de se soulever. J'étais plus à l'aise en sergent, avec une mission claire et une enquête à mener.
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