Nous sommes en France en 1621. Plus spécifiquement à Montauban. La ville est protégée par ses murailles et accueille des protestants, soutenus par les mousquetaires de Rohan. Dehors, les Français, aux ordres du roi catholique essaient de percer les murailles et d’envahir cet îlot diabolique. Peut-être, parmi les habitants assiégés, se trouve-t-il par idéologie ou par gout du lucre des traîtres qui n’attendent qu’une occasion pour ouvrir les portes de la ville. C’est dans cette atmosphère lourde que l’on découvre une jeune femme morte, dans la rivière de la ville. Est-ce un accident, un suicide, un meurtre ? La réponse est vite trouvée car, en retournant le corps, apparait un carreau d’arbalète fiché dans sa peau. Le narrateur-héros de l’histoire est un libraire, très intelligent, qui est appelé à l’aide par les autorités de la ville : on connait son sens de la réflexion et il doit enquêter sur cette mort. Dès les premières constatations, les choses se compliquent car le mort était un homme déguisé en femme. Pourquoi ? Cet homme en plus est un mousquetaire, lié aux célèbres Trois mousquetaires connus plus tard, grâce à Alexandre Dumas. Que faisait-il là, aux portes de la ville ? Trahissait-il ? Voulait-il s’enfuir ? Une enquête difficile va s’engager pour connaitre la vérité, une enquête d’autant plus difficile que le mousquetaire était habillé de la robe d’une jeune femme de la ville, peut-être sa fiancée secrète (car on ne plaisante pas avec les bonnes mœurs en ce temps-là). Il faudrait l’interroger mais elle semble se cacher comme si elle était au courant du meurtre.
Attention nous ne sommes pas dans un récit historique comme nous y avait habitués l’auteur, mais dans un livre dont vous êtes le héros. Ce genre faisait florès il y a quelques décennies et est ici remis au gout du jour (de fait François-Henri Soulié a écrit la trame de son histoire puis Gabriel Féraud a créé les boucles pour faire avancer l’histoire, c’est le collaborateur mentionné au début). Le but est simple : l’intrigue se constitue de quelques paragraphes à la fin desquels on vous propose un choix entre deux (parfois plus) possibilités de suite. Vous progressez ainsi pour découvrir la vérité à votre tour (ou alors vous mourez dans les innombrables variations, sous les coups du sort d’un ennemi ou de l’assassin). Mais, alors que parfois ces récits sont extrêmement calibrés, François-Henri Soulié a réussi à installer son intrigue dans un décor plausible, avec des personnages vivants, et à reconstituer une période complexe. Dans cette ville enfermée, où chacun se sent piégé à la fois par des ennemis extérieurs et peut-être des traîtres intérieurs, il maintient la tension et même si le maniement de ce genre de texte est parfois complexe (puisqu’il faut sans cesse tourner des pages et noter les branches du récit que l’on suit), il s’avère être un roman passionnant, avec une intrigue intelligemment amenée.