Lamonédat, petite ville de Corrèze, avec son usine de métallurgie, unique poumon économique du coin et qui souffre. Les dirigeants aimeraient bien se débarrasser de cette usine pour la délocaliser en un endroit qui a des conditions plus avantageuses. Évidemment, les ouvriers ne sont pas très chauds et menacent de faire une occupation. Comme le directeur envoyé pour gérer l’usine est de leur côté (il a conservé son âme), il pactise avec ces derniers pour que le site reste ouvert. En même temps, le maire et son adjointe (qui est également sa maîtresse) prévoient de s’enrichir. Pour ce faire, ils ont réussi à convaincre un laboratoire de déclarer des arbres malades. Cela permettra de les abattre et de vendre les terres libérées à des promoteurs qui entrevoient un grand projet touristique et immobilier. Mais une journaliste a eu vent de la chose et veut interroger le maire. Son adjointe prévient alors un ami, ancien militaire, qui travaille à la préfecture et peut envoyer des anciens soldats d’élite se charger de l’affaire contre monnaie sonnante et trébuchante. C’est là qu’apparait Jolène. Elle c’est justement une ancienne de ces soldats d’élite et elle vient liquider la journaliste. Mais ce travail commence à la fatiguer et lorsqu’elle refuse un deuxième contrat, son employeur envoie un tueur pour s’occuper d’elle. Alors, elle s’en débarrasse et arrive en ville pour régler ses comptes pendant qu’une partie des ouvriers viennent de bloquer l’usine et prennent en otage le directeur (qui est leur complice). Au même moment, quelqu’un d’autre a prévenu de la magouille et des zadistes débarquent en ville, parlant de convergences des luttes avec les ouvriers. De son côté, Julius, un gendarme, cherche en ville une certaine Jolène, ancienne militaire qui a perdu un médiator dans l’appartement d’une journaliste morte…
Avec Une saison de colère, nous voici face à un roman choral où nous allons passer d’un personnage à l’autre – des « gentils » qui veulent sauvegarder l’emploi, la forêt, et des « méchants » qui recherchent avant tout le profit en une routine du monde. Entre les deux, des gens qui veulent seulement vivre en paix avec le monde comme le policier, la journaliste, ou même la tueuse à gages. Les moments rudes de violence sociale ou individuelle alternent avec des scènes de tranquillité, de convivialité, pour créer un texte dense, prenant et réussi. Bien entendu, la tueuse à gage peut faire penser à Jean-Patrick Manchette avec La Position du tireur couché dans lequel le tueur souhaite ranger ses armes, et ce livre s’apparente à ce genre de récit où le soin du style, la structure maîtrisée et les personnages bien dessinés se dressent eux aussi avec soin. Sébastien Vidal signe, en quatre romans une œuvre déjà intéressante, très intéressante, qui se savoure.