CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 20.99
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
ISBN : 978-2-8098-1808-6
Nombre de pages : 308
Format : 16x24cm
Année de parution : 2014
Titre original : Totenfrau
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8 / 10

Vengeances

La mort comme compagne

Il y a deux siècles, le marquis de Sade écrivait Les 120 journées de Sodome, ouvrage dans lequel un groupe de notables séquestrait des jeunes paysannes et leur faisait subir mille tortures. L'action se situait dans le massif montagneux allemand de la Forêt-Noire, c'est-à-dire qu'elle nous rapprochait de l'Autriche, un pays où a retenti dans un cadre plus intime l'Affaire Kampusch. L'Affaire Kampusch est l'un des derniers scandales sur une thématique identique dont nous avons connaissance. Nous allons voir que dans ce domaine, Bernhard Aichner fait preuve d'une jolie imagination. Dans son intrigue contemporaine à multifacette vengeresse, les notables sont les mêmes même s'il existe moins de paysannes naïves. Dans ces conditions, on peut néanmoins se rabattre sur des jeunes filles de l'Est. L'une d'elles a cependant réussi à fuir et a raconté son histoire à Mark, un policier. Ce dernier mène une enquête mais est victime d'un étrange accident de la route. Alors, Brünhilde Blum, son épouse, endosse un costume d'enquêtrice afin de débusquer une vérité. Elle va très vite découvrir qu'il a été tué par un groupe de notables aux motivations très sadiennes. Comme elle a elle-même un passé peu reluisant et peu scrupuleux, elle va tenter de les retrouver et de les éliminer…
Vengeances, de l'Autrichien Bernhard Aichner, est un récit est construit de manière extrêmement classique et linéaire. Une introduction permet de comprendre et d'expliciter, de motiver le comportement de l'héroïne, qui sera plus tard pondéré lors d'un final très salutaire. Là où Bernhard Aichner excelle, c'est bien dans le décor de son intrigue. Il utilise une entreprise de pompes funèbres. Il joue ainsi sur les possibilités qu'à Brünhilde Blum (qui n'aime pas vraiment son prénom et qui préfère qu'on l'appelle plus sobrement Blum) de se débarrasser des cadavres et de ses propres remords (elle est peu scrupuleuse, on vous l'a dit). Mais l'intrigue se fonde avant tout sur une immense vengeance, et le suspense n'est pas le côté le plus tendu de l'ouvrage. Si le lecteur a rapidement des doutes sur l'une des fins possibles, Bernhard Aichner joue également avec lui et ouvre une fausse piste et quelques bifurcations qui oxygènent parfaitement l'ensemble. Il y a dans cette vendetta un côté un peu droitier, mais après tout, l'Autriche est la patrie de Thomas Bernhard, célèbre écrivain autrichien s'il en est, qui souvent rappelé le côté national-catholique de l'Autriche. D'ailleurs, l'un des notables qui s'amuse avec les jeunes filles est membre de l'Église, comme ce fut le cas également dans l'ouvrage du divin marquis, lui-même accusé à de nombreuses reprises d'être proto-fasciste. Mais c'est la thématique qui pousse à de telles conclusions et elle n'enlève rien à la rapidité d'un texte conçu pour raconter une histoire et qui le fait avec force et image plus à la manière d'un Quentin Tarantino que d'un Alfred Hitchcock.

Article initialement paru le 8 février 2016
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
La voiture. Mark disparaît tout simplement, la grosse voiture le percute et le renverse, il tombe. La voiture lui tombe dessus.
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