Certains romans sont des romans noirs qui essayent de nous présenter un tueur en série ou un psychopathe de première force. D'autres se consacrent à montrer y compris sous leur face la plus noire, les travers des policiers qui à force de côtoyer l'enfer y sombrent. Mais ici avec À la verticale des enfers, Fabio M. Mitchelli, à travers une enquête étrange va encore plus loin.
Le roman s'ouvre sur le suicide de Chris Lanzmann, policier de son état suite à la mort de Clarisse, mais cette mort est-elle vraiment une fin ou notre héros est-il quelque part entre deux univers à essayer de continuer son enquête sur un mystérieux tueur en série qui reproduit un tableau de Léonard de Vinci à l'infini ? Se pose également la question de savoir si ce tueur n'est qu'un assassin lambda ou une incarnation du démon.
À la verticale des enfers, à l'instar de son titre, joue constamment de l'ambiguïté. Roman réaliste ? Thriller métaphysique ? Plongée dans le fantastique ? Simple cauchemar de quelqu'un alors qu'il saute dans le vide ?
Le final laisse entrevoir une profonde machination à plusieurs niveaux mais cette résolution n'épuise pas forcément l'ensemble des possibles. Conçu comme un cauchemar éveillé, comme un épisode angoissant de Twin peaks qui aurait sa propre unité à part, le texte concentre en quelques pages tant d'éléments qu'il laisse des zones d'ombre où le lecteur peut puiser des indices. Peut-être un troisième volet (annoncé) explicitera les choses ou les retournera pour leur donner un sens autre, mais toujours est-il que, pris à part, ce volet ressemble à une fenêtre ouverte sur l'univers d'une folie déconcertante, d'un abime lovecraftien envoutant, comme l'écriture méticuleuse, la transcription fiévreuse d'un tableau de Jerôme Bosch.