Suzanne Viguier disparaît le dimanche 27 février 2000 à Toulouse. Mariée, trois enfants, on lui un connaît un amant, mais le suspect semble immédiatement désigné dans cette affaire : le mari volage. Un homme déconcertant qui mit un acharnement tout à fait singulier à mal se défendre. La contre-enquête de Stéphane Durand-Souffland est impressionnante, et on ne peut plus rigoureuse. Elle passe tout à la moulinette, des PV des fics aux dossiers des magistrats, les uns et les autres si peu convaincants, troués de paradoxes, d'incohérences jamais relevées ! Une contre-enquête qui met en relief les connivences singulières entre l'amant et le commissaire, aveuglé par une conviction intime forgée à la va-vite, menant dès lors son travail dans la confusion la plus totale. Une contre-enquête saisissante, troublante, dont on ressort inquiet quant à l'état de la Justice en France : mieux vaudrait confier les affaires criminelles à des journalistes de la trempe de Stéphane Durand-Souffland plutôt qu'à des magistrats pressés par le temps et leur carrière… Une contre-enquête très acérée, donc, qui dévoile pan après pan les mécanismes de la Justice, des procédures mises en œuvre et des stratégies d'interrogatoire. C'est littéralement captivant, comme un grand dossier d'instruction qui aurait su prendre en compte le moindre détail écarté, et ça se lit comme un roman, ciselé d'un style d'un bout à l'autre percutant, peu familier du genre quant à sa rigueur intellectuelle et jouant moins du spectaculaire que d'établir en raison les démonstrations d'un doute ou les fondements d'une quasi-certitude.
