CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 24,50 €
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Édité chez
ISBN : 978-2-08-047076-8
Nombre de pages : 912
Format : 24 X 16 CM
Année de parution : 2025
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9 / 10

L’Étendard sanglant est levé

Dans le magistral nouveau volet de sa fresque historique, politique et criminelle, Benjamin Dierstein arrache d'un coup sec le voile sur la France du début des années 1980 à travers une poignée de personnages bringuebalés entre magouilles électorales, attentats meurtriers, extrémismes et corruption. Un roman noir en mode majeur, comme on en lit trop peu, qui manie littéralement des roses et des bombes

Alors que démarrent les années 1980, la France change, d’un point de vue politique autant que criminel. Mesrine et les principales figures d’Action Directe éliminés ou en prison, c’est à une autre forme de terrorisme, éclaté et international, que se trouvent confrontés les services de police, alors que le pays s’apprête à basculer à gauche et que, dans l’ombre, les magouilles se multiplient tous azimuts pour tenter de ralentir la marche de l’histoire. Embarqués toujours plus loin dans les évènements, Jacquie Lienard et Marco Paolini, deux flics que tout oppose, Robert Vauthier ex-mercenaire, barbouze et roi de la nuit parisienne, et Jean-Louis Gourvennec, ex-flic et infiltré, naviguent à vue dans une intrigue complexe où se croisent trafiquants d’armes, dealers, gauchistes, mais également des figures aussi célèbres que Mitterrand, Carlos (le poseur de bombes, pas le chanteur), Coluche, Pasqua ou Kadhafi.

Avec Bleus, Blancs, Rouges, le premier volet de sa nouvelle trilogie politico-criminelle dans la France des années 1970 et 1980, Benjamin Dierstein avait frappé très fort. Sous l’influence directe et revendiquée de James Ellroy, en particulier de son Underworld USA, il y ressuscitait une période à la fois récente et particulièrement trouble, dont les événements tendent peu à peu à disparaître des mémoires, pour en faire une palpitante épopée criminelle peuplée de personnages complexes. Difficile d’imaginer alors qu’il réussirait à faire encore plus fort dans le deuxième volet, traditionnellement le plus faible des trilogie, de ce magnum opus, et c’est pourtant le cas. Toujours aussi dense, nourri d’un travail opiniâtre sur les vilains secrets de l’histoire contemporaine, L’Étendard sanglant est levé parvient à développer ses personnages, à leur offrir à tous, mêmes aux plus mineurs, un destin qui ne les condamne pas à n’être que les figurants des événements historiques. Bien au contraire, Benjamin Dierstein s’accorde même des libertés avec le genre, en donnant à des personnalités politiques renommées des dialogues bien loin de l’hagiographie (ainsi des colères de Gaston Defferre ou des tics “aristos” de Giscard d’Estaing).

Aussi à l’aise dans les salons feutrés de l’Élysée que dans les squats glauques ou les maquis corses, Benjamin Dierstein délivre dans un style sec comme un uppercut (encore un héritage d’Ellroy) un nouveau modèle de page turner intelligent, qui éclaire une période encore peu explorée par le polar “historique” pour révéler, à mesure qu’il pose les pièces du puzzle, l’enchaînement des décisions et des conséquences qui ont amené, sur fond de campagne électorale et d’attentats à la bombe, de luttes intestines entre officines de l’État et de corruption, le pays au bord du naufrage. Essentiel, comme son prédécesseur, ce deuxième volume, pavé de neuf cents pages dans la mare de l’ignorance, est amené à faire date dans le roman noir à la française.

Publié le 14 octobre 2025
Mis à jour le 14 octobre 2025
Il avait trois balles dans le corps, et il n’y avait pas un seul être humain qui pouvait avoir confiance en lui. Il allait crever seul – tout seul. Il se sentit partir. Il pria – faites que je meure vite, s’il vous plaît.
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