Le narrateur est un jeune homme d’une trentaine d’années qui vit à Venice, quartier autrefois célèbre de Los Angeles mais qui est en perte de vitesse à la fin des années 1940. Il vit en écrivant des nouvelles de S.-F. qu’il publie parfois dans les revues et pulps de l’époque. Et il espère arriver à écrire, comme tout auteur, son grand roman américain. En parallèle, il essaie de se promener dans son quartier et de rencontrer les stars déchues, celles qui autrefois étaient très connues et qui y vivent toujours. Un soir, alors qu’il se trouve dans un tramway, une voix murmure à son oreille : « La solitude est un cercueil de verre ». Il comprend qu’il s’agit de la voix d’un tueur qui lui annonce une mauvaise nouvelle. Mais à peine s’est-il retourné que l’assassin a disparu. Il rentre chez lui et quelques heures plus tard, un vieil homme est retrouvé mort à proximité de chez lui, enfermé dans une cage de fer sous l’eau. Avec l’aide d’un policier, dont on ne saura pas s’il s’agit d’un vrai détective ou du personnage central du roman qu’il tente d’écrire, le narrateur va rencontrer des amis du mort, un grande chanteuse d’opéra qui est échouée, à cause de son poids, comme une grosse baleine, passant son temps à écouter des airs d’opéra, et une autre star, du cinéma elle, qui entend vivre ses dernières aventures amoureuses, profitant que la copine du narrateur est partie dans un pays étranger. Mais le tueur rôde encore et a d’autres victimes en vue.
Les amateurs de littérature connaissent Ray Bradbury pour avoir notamment écrit deux chefs d’œuvre de la S.-F. classique : Les Chroniques martiennes et Fahrenheit 451. Vers la fin de sa carrière, l’auteur a également commis plusieurs récits « policiers » qui flirtaient avec sa biographie. La Solitude est un cercueil de verre en est un premier élément. Comme souvent chez Ray Bradbury, le mélange entre poésie, éléments fantastiques et touches de réalisme offre une opportunité de vivre une histoire étrange. Il faut accepter de se laisser aller dans cet univers particulier, où les choses se mélangent, où la brume cache les détails du récit, où il est difficile de savoir si sont relatés des vrais éléments ou des choses imaginaires. S’appuyant sur des personnages hauts en couleur, sur des descriptions hautes en couleur tout pareillement, le roman peut emporter la conviction si le lecteur accepte de se laisser emmener dans cette atmosphère onirique, envoûtante. Dans le cas contraire, le risque de passer à côté est tout sauf négligeable.