Serge Spinolla est directeur d’une grande multinationale. Il se comporte en patron « normal », n’hésitant pas à effectuer quelques coups bas. Aussi, lorsqu’il est retrouvé mort, étranglé avec une corde, la police voit plusieurs pistes s’ouvrir : des ouvriers ou des syndicalistes mécontents, des concurrents désireux de limiter justement les lois du marché, une épouse qui a pris un amant et qui avec elle pratique le bondage (encore une corde). Même le gardien de l’immeuble est suspect car sa femme avait couché avec le PDG et c’est justement lui qui a trouvé le corps (et lui a volé deux ou trois affaires par la même occasion). Cependant, Patrick Vauclin, le policier chargé de l’enquête, a fort à faire : son enquête piétine, son adjointe est amoureuse de lui, lui-même a un tendre penchant pour la secrétaire, par ailleurs ex-maîtresse du riche entrepreneur. Que des choses qui peuvent perturber le fonctionnement normal des investigations. Si, en plus, d’autres cadavres, eux aussi étranglés, eux aussi appartenant à des représentants de grands groupes, sont découverts, cela complique encore la tache du policier, et ce malgré toute sa bonne volonté.
Le roman débute sur des chapeaux de roue : un mort, de nombreux suspects, puis des détails et des chapitres consacrés à différents protagonistes qui permettent de décaler et d’amplifier les suspects, tout en montrant aussi la façon dont fonctionnent de manière quotidienne les policiers en charge du dossier. Cela permet aussi de développer le cynisme dont font preuve de multiples personnages, chacun poursuivant ses propres buts, peu s’occupant de la vérité ou du mort. C’est cet aspect qui rend cette enquête de Philippe Colin-Olivier, assez classique dans sa forme, assez intéressante et qui offre un regard un peu décalé (une habitude de l’auteur) appréciable.
