CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 22.5
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ISBN : 978-2-7436-4789-6
Nombre de pages : 330
Format : 16x23cm
Année de parution : 2015
Titre original : A Tumba Abierta
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10 / 10

À tombeau ouvert

Série :
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Illusions perdues

Carles Ripoll vit en Espagne. C'est un homme qui a réussi sa vie même si à présent il passe une période plus difficile : ses finances ont baissé et sa nouvelle compagne est une femme extrêmement compliquée, autant dans sa vie familiale que sentimentale. Soudain il reçoit un message sur son compte Facebook. Ce message lui rappelle sa jeunesse… Car avant d'être Carles Ripoll, il a été Juan Hiram Gutteriez, un révolutionnaire argentin dans les années 1970. Au moment où les forces de la dictature commencèrent à accentuer la pression et détruire petit à petit toute volonté de révolte, le groupe dont il faisait partie a laissé un véritable trésor de guerre dans une banque suisse avant de se dissoudre et de disparaître. Le temps passant, en lisant et s'informant, Carles s'aperçoit qu'il est sans doute le dernier survivant du groupe, les autres ayant été abattus par la police, ayant disparu, certains après avoir même trahi la cause. Du coup, il pourrait récupérer ce trésor de guerre. Mais qui a donc bien pu lui envoyer ce message sur son compte Facebook ? N'ayant plus rien à perdre, Carles décide de se rendre en Argentine, de retrouver ses anciens camarades et de comprendre ce qui se passe. Mais n'est-ce pas un piège subtil qui l'attend ?
Dès le départ, l'on sent bien que ce roman ne jouera pas la carte de la nostalgie mais que ce retour au passé est une façon de se retrouver au milieu de ses illusions perdues, de ce vain combat contre la dictature, contre les passions humaines, et que c'est une lente marche vers la mort que doit retrouver Carles Ripoll. Raúl Argemí parvient parvient à rendre forte cette pulsion en évitant les grands débats idéologiques, les scènes de violence terroriste (ou révolutionnaire) car le roman part du moment où il faut arrêter la violence devant la répression grandissante et où le groupe se dissout. Le roman oscille sans cesse entre la description fine et sensible du personnage aujourd'hui, dans les rues argentines, à réfléchir à ce qui se passe et qui le recherche pour le tuer et s'emparer du trésor, et des allers-retours sur la vie en Espagne, où le personnage central va perdre toutes ses illusions, en se confrontant à la vraie vie, à la corruption par le quotidien.
Roman des désillusions, d'une lente asphyxie, À tombeau ouvert est une réflexion acérée et intelligente sur la trajectoire d'un personnage, de la façon dont la vie va le transformer, poursuivant ainsi, avec une noirceur mélancolique, la description de personnages du même genre, comme ceux de Jean-Patrick Manchette, dans Nada par exemple, dans une nostalgie douce-amère, dans cette déliquescence des idéaux, avec une force et une empathie remarquables.

Article initialement paru le 22 août 2019
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Les survivants étaient les véritables victimes de cette guerre. Pas les morts. On ne peut pas empoisonner la vie d'un mort.
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