Lieutenant au 52e District de New York, Clancy est un flic opiniâtre. Un bon flic. Mais il a eu un différend avec Chalmers, le district attorney adjoint. Ce qui lui a valu de ne pas devenir capitaine. Or, justement, Chalmers lui impose une mission surprenante à laquelle il ne doit pas faillir : assurer la protection pendant quelques jours de Johnny Rossi, truand de la Côte, qui doit témoigner devant la commission des Affaires Criminelles de l’État de New York. Clancy a plein de questions légitimes. Chalmers ne lui offre que sa morgue en réponse et l’adresse de l’hôtel où se terre Rossi : l’hôtel Farnsworth, chambre 456. Avec Stanton et Kaproski, deux flics pour l’épauler, Clancy commence la protection de Rossi. Mais la nuit, ce dernier se prend un coup terrible de fusil qui l’emmène tout droit dans une clinique, d’abord dans une salle d’opération, puis dans une pièce climatisée au sous-sol. Pour Clancy, la poursuite de l’assassin est d’autant plus primordiale qu’il a décidé de ne pas refiler l’affaire à la Criminelle, ni d’alerter Chalmers de la mort de son témoin. Il peut compter sur l’aide de Freeman, son ami légiste, et de ses deux inspecteurs, Stanton et Kraposki. Ensemble, ils vont devoir démêler le faux grain de l’ivraie alors que la fatigue gagne le lieutenant et qu’il sent parfaitement que des éléments lui échappent.
Le roman de Robert L. Pike est un très bon roman de procédure policière qui souffre de son adaptation cinématographique. Publié en 1965 à la « Série noire » sous le titre Silence de mort, il a connu le succès avec son passage à l’écran. Bullitt, 1968, réalisé par Peter Yates et avec Steve McQueen en lieutenant Clancy. Pour le film, l’action avait été délocalisée à San Francisco, une ville célèbre pour ses grandes rues grimpantes (ou descendantes) qui donnent des courses-poursuites intéressantes en voiture. Ici, des courses-poursuites, il n’y en a pas hormis contre le temps qui file. Resserrée, tendue, l’enquête se déroule implacable avec ses petits et gros accrocs ordinaires. Clancy dirige tout. Donne des ordres, réussit à convaincre ses équipiers de transgresser quelque peu la loi (aidé en cela par un capitaine de police qui l’affectionne et qui est malade). On comprend très vite l’intérêt du téléphone dans les années 1960. Celui-ci est l’élément le plus important du roman. Lui, et un téléscripteur à Los Angeles. La raison du meurtre de Rossi est logique. Son frère et lui ont trahi la confiance du Syndicat en détournant de l’argent. Mais pour Clancy, une seule question compte : pourquoi Rossi est-il venu à New York témoigner pour une commission d’enquête. Et le temps qu’il n’aura pas cette réponse, il ne pourra arrêter son assassin. Passées 200 pages d’enquête habilement menées et décrites, qui se lisent d’une traite, le final semble moins tendu, avec moins de tension. Comme si Clancy pouvait un peu souffler. Lui, connaitra deux autres aventures, elles aussi publiées à la « Série noire ». La nouvelle adaptation de Bullitt au cinéma ne devrait cependant pas être suffisante pour qu’elles soient rééditées. Et c’est bien dommage.
