CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 7.5
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
Collection :
Numéro collection : 5173
ISBN : 978-2-264-06968-9
Nombre de pages : 282
Format : 11x18cm
Année de parution : 2013
Titre original : The Bunker Diary
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8 / 10

Captifs

Auteur :

Loft story, saison ultime

Récemment les éditions Sonatine ont sorti Aveuglé, de Stona Fitch. Dans ce roman, un homme était kidnappé et son martyr retransmis par une chaîne de télévision. Super huit offre une autre version de ces romans nés depuis quelques années et qui sont le pendant littéraire de cette activité que certains ont appelé la télé-réalité, sans que l'on sache bien ce que cela signifie, car il est au minimum sûr que cela ne reflète pas la réalité. En tout cas, Captifs (dont la publication grand format a été éditée par Super 8) va plus loin, car il dénie même au lecteur l'idée d'un concept télévisuel. En effet, s'il est bien question de kidnapper des gens, de les mettre dans une sorte de loft, et de les observer comme un entomologiste observe des insectes, le roman ne dira rien sur celui ou ceux qui regarde(nt) et leurs motivations.
Tout commence pour Linus de manière étrange. Il tente d'aider un aveugle quand ce dernier l'assomme. Au réveil, il se trouve seul dans un bunker. Il n'aura rien à manger. Quelques jours plus tard c'est une petite fille de neuf ans qui le rejoint et qui lui révèle un secret : peut-être que si l'on demande poliment à manger, le ravisseur accèdera à la requête. Et, aussi surprenant soit-il, ça marche ! Quatre autres personnages vont progressivement rejoindre les deux « naufragés ». Peu à peu, l'on comprend que le kidnappeur les observe, qu'il a tout prévu et qu'il est capable de bonté comme de cruauté : ils les affame puis leur donne à manger. Afin qu'ils soient malades, il coupe l'électricité. Pour les punir, il leur envoie un chien rendu fou furieux… Comme pour En attendant Godot, la pièce de Samuel Beckett, on pourrait se livrer à de nombreuses spéculations sur le sens de l'intrigue : est-ce une parabole sur Dieu (le kidnappeur ressemble beaucoup au dieu biblique car il nourrit, punit, gère la lumière…), sur l'absurdité du monde (aucune réponse ne sera apportée in fine), sur l'animal qui sommeille en chacun de nous et de notre part d'ange (Linus qui est le narrateur à travers son journal intime veut protéger la petite fille mais le final montrera qu'en dernier recours il passera outre ses scrupules). Le roman incite à de bonnes réflexions : à un moment, le mystérieux kidnappeur propose de libérer celui qui tuera un autre pensionnaire. Quelqu'un passera-t-il à l'acte ? Un malade se suicidera-t-il en laissant croire qu'il s'agit d'un meurtre ? Doit-on partager ou au contraire cacher des provisions pour soi ?
Vu à travers le regard d'un des participants, avec l'absurdité en arrière-plan, Captifs joue à fond son rôle de thriller métaphysique, angoissant par les peurs qu'il suscite, par ce simple pas de côté, cette idée que tout cela pourrait nous arriver.

Article initialement paru le 15 février 2017
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Je ne veux pas me faire gazer. Je ne veux pas être trempé. Je ne veux pas qu'on me bombarde de bruits à m'en rendre sourd. Tout ce que je veux, la plupart du temps, c'est dormir.
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