Au départ, une résidence privée pour personnes âgées. Quelques pensionnaires y vivent tranquillement dans un cadre agréable, sous la houlette d’un homme qui prétend être philanthrope mais a une idée derrière la tête dans cette aventure humaine. Mais un jour, un ami lui demande d’héberger quelque temps un homme moins âgé, amnésique. Il accepte et, un peu plus tard, cet homme est retrouvé mort. La commandante Lésia Barani est alors chargée de l’enquête. Une enquête difficile car l’homme est inconnu (amnésique il ne savait même pas son nom) et personne ne semble s’intéresser à lui, ni ne l’a reconnu. Alors retrouver un coupable pour un meurtre sans mobile et dont il est difficile de voir le rapport avec les suspects potentiels est complexe. Lésia Barani concentre son enquête sur les autres pensionnaires de la maison. Beaucoup ont des comportements un peu étranges mais est-ce signe de culpabilité ou juste une manifestation de leurs dégradations physiques et mentales ? Le lecteur, lui, est un peu aidé car il assiste en parallèle à une autre histoire : une femme a tué son enfant et a fait de la prison. À sa sortie, elle a conversé avec un journaliste et lui a presque révélé des choses troublantes sur son passé. Depuis, elle a réussi des concours et est devenue avocate. Afin d’être tranquille, elle a besoin de se débarrasser du journaliste. À supposer qu’avant sa carrière de journaliste, il n’ait eu un autre passé.
Crime en Charente-Maritime est un texte policier surprenant. Le lecteur en sait plus que l’enquêtrice et il saisit rapidement le lien entre les deux intrigues qui se succèdent au début avant de fusionner à la fin. Mais, l’analyse des situations, le soin apporté aux personnages et leurs contradictions, la difficulté des témoins à saisir pleinement les faits dont ils sont témoins, les remords et repentirs (au sens pictural du terme) des policiers qui essaient de faire surgir la vérité, sont au cœur du roman. Isabelle Ménard montre une connaissance aiguisée des procédés d’investigation et des marges d’erreurs potentielles qui peuvent surgir. Au départ, le roman pourrait être un clin d’œil au célèbre roman de Stanislas-André Steeman ( L’Assassin habite au 21) avant de se tourner vers une intrigue plus mélodramatique mais l’ensemble est tenu par une construction serrée et un récit bien conçu.
