À Paris, le commandant Sénéchal est envoyé sur un crime particulièrement étrange. Non pas par son déroulement, mais par le lieu dans lequel il s’est déroulé. La victime a été tuée dans son appartement, un appartement chamboulé car construit comme un décor. Obnubilé par Alice au pays des merveilles, le mort vivait dans une reproduction du terrier du Lapin. Surtout ce qui inquiète le policier, c’est que la victime devait faire partie d’un groupe sectaire, peut-être lié à des groupes pédophiles (ou s’opposant à eux). Visiblement, il aurait trahi le groupe. Cela a-t-il un rapport avec des enlèvements d’enfant, avec des groupes complotistes qu’il regardait sans cesse sur le net ? Dans le Jura, deux agents de la DASS viennent chercher une jeune fille pour l’emmener à sa mère, qui a des droits restreints. La sœur du père qui la garde la laisse partir. Mais ce ne sont pas des agents sociaux et le père s’inquiète. Il soupçonne sa femme d’être derrière cet enlèvement. Or, la mère a disparu. De leur côté, les gendarmes locaux pensent que le père est suspect, d’autant plus qu’ils ont retrouvé eux des traces de sang chez la mère… Quelques éléments vont permettre aux deux affaires de se rejoindre mais les barrières sont telles entre policiers et gendarmes qu’il est difficile de travailler ensemble.
Le roman de Sébastien Le Jean s’appuie sur des éléments très contemporains, sur des problèmes complexes (comment lutter contre la pédophilie, comment croire ou non des gens qui accusent leurs anciens partenaires de crimes, comment les complotistes entendent-ils aider les enfants sacrifiés aux puissances mondiales qui gouvernent en secret le monde et tuent des enfants pour accroître leur pouvoir, leur argent ou leur longévité ?). L’auteur traine en alternance les deux enquêtes, au sein d’une histoire rythmée où beaucoup de gens (y compris les innocents) taisent des choses ce qui complique les enquêtes. L’atmosphère glauque est rendue avec soin, d’autant plus qu’elle s’appuie sur des références à Alice au pays des merveilles, roman marquant mais qui laisse des doutes sur les intentions réelles de son auteur (volontés littéraires autant que sa sexualité privée). C’est cette atmosphère avec la complexité de l’affaire et la violence des policiers ou gendarmes qui ont du mal avec le problème pédophile, qui offre une trame serrée. Le roman s’y installe avec force et intelligence, pour entraîner le lecteur dans un univers sombre, à l’instar des deux ouvrages précédents de l’auteur.
