CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 23,90 €
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ISBN : 978-2-7144-0436-7
Nombre de pages : 508
Format : 21 X 14 CM
Année de parution : 2024
Titre original : Precipice
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5 / 10

Des hommes de guerre

Auteur :

De Robert Harris, on garde en mémoire le surprenant roman uchronique Fatherland. L'auteur propose avec Des hommes de guerre un récit historique axé sur un couple de personnages - un Premier Ministre et sa maîtresse - plongé dans l'imminence de la Première Guerre mondiale. Parsemé d'une correspondance, le roman, fresque sociale post-victorienne, a du mal à tenir en haleine.

Juillet 1914. Avant la guerre, le sergent Deemer enquête sur un accident stupide qui coûte la vie à deux jeunes gens à la suite d’une soirée très arrosée à bord d’un bateau : un baronnet ivre finit dans la Tamise à la suite d’un pari idiot et un musicien qui a plongé pour le sauver y laisse la vie. Ce fait divers attire l’attention sur la Coterie, un groupe de jeunes gens hédonistes de la meilleure société. Shocking ! La jeune aristocrate Venetia Stanley en fait partie et connaît le tout Londres. Elle est aussi la maîtresse d’Herbert Henry Asquith, le Premier Ministre, marié et de presque quarante ans son aîné. Or, alors qu’intervient la crise irlandaise, Asquith a un peu trop tendance à demander l’avis de la jeune femme… Y compris sur ce qui relève de secrets d’État ! Pendant que la Première Guerre mondiale pointe, Deemer enquête également sur des fuites compromettantes liées à l’entourage du… Premier Ministre. Mais Asquith, aveuglé par sa passion pour une femme plus jeune, est-il à même de prendre les décisions qui s’imposent ?

Robert Harris a toujours été fort pour mêler faits historiques et fiction mais, là, il pousse peut-être le bouchon un peu loin : une bonne partie du roman se contente de recopier une correspondance bien réelle. Auquel cas, est-on encore dans un roman ? Dommage, car le tout commence bien avec une de ces affaires toutes British présentant un milieu de fils et filles à papa façon Bullingdon club (un club de restauration d’étudiants d’Oxford)… ce qui n’a aucune incidence sur ce qui va suivre ! Il est donc à noter qu’en dépit de sa présence dans la collection « Belfond noir », Des hommes de guerre est bien plus un pur roman historique. L’ennui, c’est que ces lettres qui ne cessent d’interrompre l’intrigue ne sont pas très passionnantes en soi, la liaison pas davantage, sinon vers la fin, lorsque le ministre commence à se comporter de la façon dont on le jugerait aujourd’hui. Quant à Venetia Stanley, on n’en saura guère plus. Le personnage garde tout son mystère : on ne découvre pas vraiment ce qui motive cette liaison avec un homme plus âgé ni pourquoi cet homme juge bon de lui confier des secrets d’État (avec des échos de la célèbre affaire Profumo) : on en conclura plutôt qu’il était un politicien médiocre qui n’aurait pas dû avoir autant de pouvoir en cette époque cruciale. Si Robert Harris cède à la tentation typique du genre de faire des descriptions minutieuses de détails sans importance, il excelle toujours à présenter les milieux du pouvoir et donner l’impression de toucher du doigt les « centrales d’énergie » chères à John Buchan. Dommage que l’on promette souvent de donner dans le roman d’espionnage avec ce personnage de sergent qui, étant fictif, donnerait à l’auteur latitude de se libérer du carcan de la documentation. Un roman un peu bancal, mais qui réjouira les fidèles de l’auteur.

Publié le 15 décembre 2025
Mis à jour le 15 décembre 2025
Un premier ministre est avant tout une machine à prendre des décisions.
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