Jonathan Kellerman a eu son heure de gloire, imposant son personnage de psy et ses architectures criminelles élaborées se passant souvent dans la haute société californienne (le sommet étant peut-être l'excellent Double miroir). Mais vingt-quatre romans plus tard, les policiers sont fatigués et l'inspiration se tarit… Les séries télévisées, du type « qu'il FAUT voir et obligatoirement trouver top-géniale sous peine de ne pas être l'homme ou la femme du XXIe siècle » ayant habitué le cochon de payant à manger la même soupe sous des emballages vaguement différents, on présume que le lecteur y trouvera ce qu'il cherche : la découverte de deux cadavres emmène Milo Sturgis et Alex Delaware dans une enquête menée principalement à base de dialogues et d'interrogatoires où se mêlent riches arabes et éco-terroristes, dont une méchante typiquement hollywoodienne – étrangère, artiste, donc arrogante comme le sont tous ces gens-là, et soupçonnée de nazisme, comme quiconque a une once de sang germanique. Lorsque vient le troisième tiers du roman, le lecteur aura eu raison d'avoir pris des notes pour se rappeler qui est qui, et qui a tué qui — mais les afficionados vous diront que cela fait partie du plaisir ! Car pour un roman « psychologique », on peut lui reprocher un certain manque d'épaisseur des personnages, même dans le style typiquement behavioriste de Jonathan Kellerman. Bref, on a ce que promet l'emballage, pas plus, mais pas moins non plus. Pour la fraîcheur et l'inventivité, il faudra chercher ailleurs…