Tout d’abord il y a Lila Crayne. C’est une grande vedette du cinéma américain. Suffisamment pour qu’à l’évocation de son nom à l’affiche, un film puisse se faire. Elle a pour agent sa mère, qui réfrène ses envies parfois trop dispendieuses. Enfin, Lila Crayne est en couple avec Kurt Royall, l’un des cinéastes les plus prometteurs de sa génération, même si des rumeurs sur ses infidélités et ses coucheries avec des jeunes actrices qui veulent des rôles courent (mais il semble s’être assagi depuis sa relation avec Lila). Et puis, il y a ce jeune écrivain qui leur a apporté un scenario génial. Une relecture de Tendre est la nuit, de Francis Scott Fitzgerald, en une version plus axée sur le rôle des femmes. Entre le sujet, le rôle que le roman joue dans la psyché américaine, les acteurs et le réalisateur, c’est un énorme succès annoncé auquel tous les investisseurs et producteurs veulent s’associer. Mais, des fissures peuvent apparaitre : la nouvelle jeune actrice est vraiment très proche du réalisateur, Lila est fatiguée et décide de voir un psychiatre pour savoir s’il faut continuer. Or elle tombe sans le savoir, car elle ne l’a pas reconnu, sur un ancien de la même fac qu’elle, qui a été amoureux d’elle. Une relation trouble s’engage surtout que Lila a des hématomes comme si son mari la battait, ce qui réveille l’amour du psychiatre, bien embêté car il a aussi une fiancée qu’il aime.
Ce résumé ne dévoile que le début de ce premier roman de Sash Bischoff et la suite sera une succession de renversements de points de vue, chaque personnage essayant, plus ou moins, d’entraîner les autres dans son orbite. Ce changement est symbolisé par une option de mise en scène ; au tiers du livre, il faut le prendre à l’envers (par la fin) pour lire la deuxième partie, avant de revenir dans le « bon » sens de lecture pour la troisième partie. Cela fait surtout gadget mais bon. Pour le reste, c’est un récit plus que classique de trahisons, de vengeances, de faux semblants des uns et des autres, ce qui permet des rebondissements dont certains sont facilement prévisibles. Les amateurs de Francis Scott Fitzgerald trouveront peut-être des pages intéressantes dans la version qui leur est proposée du célèbre roman mais cela ne transforment le texte en un écrit incontournable, loin de là.