Avec sa femme, Kamal a fui l’Afghanistan, leur pays, et à présent le couple tente de gagner l’Angleterre. Ils sont prêts à tout et embarquent sur un bateau de fortune. Seul de tous les passagers clandestins, Kamal pourra retrouver le rivage français. Ces morts continuelles exaspèrent Chandler, un militant du Nord qui a du mal à accepter la situation, d’autant qu’il soupçonne la police de laisser faire les passeurs qui les débarrassent ainsi d’un épine dans le pied. Chandler a notamment dans le collimateur un jeune trafiquant qui se balade avec une batte dans les dunes. Est-il coupable, complice, ou lui aussi victime des passeurs ? À Paris, Gabriella est ulcérée, elle aussi, par ces morts. De plus, elle se demande si le réseau des passeurs ne profiterait pas de l’occasion pour repérer et séquestrer les femmes jugées jolies, qui seraient violées ou vendues aux réseaux de proxénètes. Ceci pourrait expliquer l’apathie de la femme de Kamal qui s’est laissé couler pendant la périlleuse traversée. Avec l’aide de Chandler, Gabriella va essayer de remonter la filière et de punir les méchants.
S’inspirant de faits divers réels ou que l’on imagine tels, Jean-Marie Paris, un écrivain encore assez discret, signe un polar ou roman noir qui, s’appuyant sur la série de « La Fille du Poulpe », nous propose une histoire sombre à souhaits autour des migrants et de leurs problèmes. Raconté avec soin, rythmé et centré sur les plages du nord, sur la misère des pauvres gens et ceux qui l’exploitent, Ferry bad trip est un récit assez classique mais bien mené et qui donne à voir la situation, s’installant dans ce qui constitue l’ADN de la série (ou de celle de son père spirituel, Gabriel Lecouvreur dit Le Poulpe) pour nous présenter des aventures policières et criminelles de bonne facture, où l’auteur sait aussi se moquer un peu de ses héros.