Après nous avoir raconté les quatre saisons « naturelles », l'auteur en invente une cinquième, artificielle en quelque sorte, qui n'est pas plus rassurante que les autres, bien au contraire. C'est toujours Malin Fors, maintenant en couple avec le docteur Peter Hamse et envisageant de faire un enfant, qui mène l'enquête à propos d'un cas de viol particulièrement barbare ayant eu lieu dans le sud de la Suède et qui lui rappelle celui dont a été victime une certaine Maria Murvall, dans sa propre région de Linköping. Cette femme a survécu, mais à l'état de zombie prostré depuis ce jour dans un mutisme total. Malin se demande pourquoi le procureur saisi de cette affaire a classé aussi vite l'affaire scanienne. D'autant qu'elle a bientôt connaissance d'une troisième. Après enquête, il s'avère que la victime est cette fois une jeune Russe, pensionnaire d'un bordel clandestin dont le tenancier (mais nullement le grand patron de la filière), lui aussi russe, est arrêté après une poursuite mouvementée. Puis la liste s'allonge encore d'une certaine Jenny, pensionnaire de l'Assistance dont le père était pédophile et la mère alcoolique, et de Jessica Karlsson qui, elle, a fini par se suicider. Pilotée par Malin l'enquête s'oriente vers un groupe d'hommes influents (un comte, un gynécologue et un procureur) qui ont constitué une société secrète (La Confrérie de la Mort) et organisent des « parties » entre amis, avec l'aide d'un rabatteur, lui-même manipulé par le grand Méchant (ou psychopathe) de l'affaire.
Le livre ne réserve guère de surprises véritables dans sa seconde moitié, l'auteur semblant s'être pris à son propre jeu et donnant l'impression de tirer à la ligne. Son originalité réside ailleurs : dans l'usage de la forêt (et accessoirement de la chasse), qui joue le rôle d'un personnage à part entière. Ainsi que dans la présence d'un flic que sa haine du mal pousse à la violence physique sur les coupables (réels ou supposés, bien entendu) et d'un autre qui se permet quelques entorses au règlement pour la même bonne cause. Ajoutons que l'auteur fait un grand usage d'un autre procédé qu'il affectionne particulièrement : le monologue intérieur des victimes (y compris post mortem). On ne peut, bien entendu, déconseiller la lecture de ce livre composé et écrit avec soin. Tout au plus, suggérer de prévoir des pilules réconfortantes, à la fin, car il pousse vraiment le sadisme jusqu'à un extrême que beaucoup de lecteurs jugeront insupportable. On se retrouve de ce fait à la limite d'un manichéisme un peu gênant. Peut-être l'auteur aurait-il mieux fait de respecter la nature, en définitive, et de se limiter à quatre saisons.