Nous allons suivre la vie d'Isabelle, depuis ses premières années jusqu'à sa maturité. Tout commence dans les années 1960 avec une jeune fille qui a des parents qui travaillent et essaient d'emmener leurs enfants en vacances en Bretagne où toute la famille d'émigrés italiens se retrouve. La famille vit dans un petit appartement avec, dans l'appartement d'à côté les grands parents, un couple qui tangue parfois car le papy est chauffeur de taxi et sa femme lui offre régulièrement des crises de jalousie en pensant aux clientes qu'il trimballe. Des disputes que les enfants et petits-enfants entendent très bien car le mur qui les sépare est d'une part très fin et d'autre part allégé par des galeries creusées par de souris qui viennent régulièrement les narguer (d'où le titre). Cette vie simple et dorée va s'arrêter lorsque le grand-père va partir, justement, avec une cliente et surtout lorsque le père sera plus tard emprisonné pour avoir tué le grand-père. Mais la vérité sur ce drame éclatera des années plus tard.
Victoire Pigaglio nous propose avec La Cathédrale des souris un prolongement d'une de ses nouvelles qui avait été primée en 2016 au festival havrais des Ancres noires, Le Polar à la plage. L'essentiel du récit et du roman n'est pas tant dans l'enquête policière – qui n'apparait qu'en filigrane – que dans une description sympathique et réaliste de la vie des ouvriers et petites gens dans une France que l'on appelle les Trente glorieuses mais qui reste encore peu enthousiasmante pour les catégories sociales les moins favorisées. Récit écrit avec tendresse, décrivant la vie simple (apologie des frites, baignades en Bretagne…) glissant sur le faits divers avec pudeur mais en laissant tout comprendre pour le lecteur. Les plus âgés y retrouveront des atmosphères qu'ils ont sans doute connu, les plus jeunes découvriront un passé reconstitué à hauteur d'homme, avec soin et empathie, pour un roman agréable à lire.
