Dès les premières années du roman policier, les maîtres du genre avaient édicté un certain nombre de règles (dont d'ailleurs se moque un peu une bande dessinée récente de Jean Harambat intitulée justement Le Detection Club). Parmi ces règles, il y avait notamment l'idée que le crime ne pouvait pas se baser sur le sujet de gémellité (ce qui avait par la suite provoqué un grand rire de la part de Gotlib qui avait écrit le scénario d'un film policier réalisé en 1976 par Patrice Lecomte, Les Vécés étaient fermés de l'intérieur, dans lequel il avait choisi de commettre son meurtre en se basant sur une famille de triplés). Catherine Le Goff n'a pas dû avoir connaissance de cet « interdit » qui après tout n'a aucune valeur, et elle n'est pas la première à user de cet artifice aujourd'hui éculé. C'est ainsi que dans son roman, Nin a une sœur jumelle et elle a tué un homme. Elle ne veut pas aller en prison et c'est sa sœur qui va accepter d'endosser le meurtre et y aller à sa place (après tout elle est déjà malade mentale donc être enfermée, ne semble pas être un gros problème pour elle). Outre que le sujet part donc d'un cas clinique un peu limite, le problème principal est que l'auteur a du mal à mettre en place son intrigue. Nous assistons donc à une suite de scènes qui racontent la vie du personnage central, de ses interrogations, dans une écriture très classique et qui n'apporte que peu de suspense. On a souvent l'impression que l'auteure s'écoute écrire et comme cela se voit à défaut de s'entendre, c'est un peu ennuyeux et sans grand intérêt sauf pour les amateurs de littérature générale qui apprécient une dissection d'un cas spécial, à peine plus mouvementé qu'un essai de psychanalyse.