Sélection Grand prix de la littérature policière – romans francophones 2025
Jonathan Becker aurait pu être un grand peintre. Peut-être. En tout cas, au début de sa carrière, il avait décidé de fonder une communauté dans une maison à l’écart du monde afin de développer les talents d’autres personne. De cette communauté qui pouvait s’assimiler à une communauté hippie, il en devint le gourou, offrant de partager ses nuits avec les nombreuses femmes qui la peuplaient. Sa fille, Jessica, enfant, était même passé un été dans la communauté. S’étant perdu dans un village, elle avait été ramenée par une mère de famille et son enfant. La mère avait couché avec Jonathan Becker qui en avait profité pour la tuer dans des jeux sadomasos (dont notamment la mise dans un sac plastique dont il vidait l’air) et son enfant à elle avait disparu. L’action avait plu au père qui avait poussa son enfant à renouveler plusieurs fois l’expérience, avant que la police n’intervienne. Le peintre a été condamné et vit maintenant en prison. Sa fille Jessica, dont on ne sait si elle a été une victime supplémentaire de la manipulation de son père et peut-être sa complice (car un gendarme retors l’avait fait avouer) a pu échapper à la prison et a changé de nom. Elle vit à présent, sous un autre nom et travaille dans un salon de coiffure, amoureuse de Mickael. Mais, l’affaire n’est pas tombée dans l’oubli et une journaliste tente de reprendre l’enquête (et notamment de savoir où sont les enfants disparus, le peintre avouant qu’il ne parlera pas car c’est lié à un puissant réseau pédophile). Or cette journaliste est assassinée avec le même mode opératoire et Jessica est presque accusée du meurtre. De plus, le père d’une des anciennes victimes la pourchasse. Son compagnon Mickael est peut-être impliqué lui aussi car il se comporte de manière étrange. Et puis les questions sur la culpabilité ou la complicité de la fille reviennent. Comment peut-elle s’en sortir quand toutes les certitudes s’effondrent autour d’elle et que même sa meilleur amie pourrait être liée à toutes ces histoires ?
Le roman d’Antoine Renand n’est pas construit de façon linéaire, mais débute par la mort de la journaliste, puis reviendra par chapitres encastrés sur le passé. Cela permet jusqu’à la fin de se poser la question de la place réelle de l’héroïne dans le processus criminel et surtout pose de nombreux rebondissements, tant les gens qui l’entourent pourraient ne pas être les amis fiables qu’ils paraissent être. Mené avec soin, construisant tranquillement et méthodiquement son suspense autour du personnage central, La Fille de Jonathan Becker se déploie comme un page-turner de qualité, emboîtant les intrigues pour créer du dynamisme et rendre impossible de quitter le livre.