Lorsqu'on annonce à Éléonore que sa famille va s'installer dans une île paradisiaque sous les tropiques, la décision est loin de l'enchanter. Elle ne veut pas quitter ni Toulouse, ni ses amis, et l'hypothèse d'un « nouveau départ » pour un couple ébranlé par les trahisons de son père lui semble un rêve creux. Sur place, tandis que tout le monde s'extasie, elle trimballe sa mauvaise humeur et son mal-être adolescent, se méfiant par-dessus tout de Milou, le vieil ami de son père, aux manières de dragueur lourd. Jusqu'à cette fatale balade en mer…
Courte novella dédiée à un public adolescent, La Mer sans le bleu pose en quelques pages la situation et les personnages, et resserre son action sur quelques temps forts. L'intrigue, ramassée, suit au plus près un triste fait divers quotidien, l'agression d'une adolescente par un homme plus vieux qu'elle, proche de la famille et en situation de force vis-à-vis de ses parents, couple fragilisé tentant de se reconstruire. Avec une écriture subtile, qui suggère plus qu'elle ne montre, Rachel Corenblit marche sur les traces d'Éléonore au fur et à mesure que le paradis promis déçoit, menace, puis violente. Un beau texte, sensible, a ne surtout pas réserver aux adolescents.