CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 15
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
ISBN : 978-2-915922-22-6
Nombre de pages : 202
Format : 14x21cm
Année de parution : 2008
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6 / 10

La Nuit s’achève

Meurtre dans un jardin corse

Intruse dans son corps même… La narratrice se relève, engourdie, assommée. Elle tente de mettre de l'ordre dans le réel autour d'elle, dont elle déchiffre avec peine l'étendue. Que s'est-il passé ? Elle se rappelle une fête chez elle, la veille. Qui donc est venu ? Et bute contre un corps étendu dans l'herbe. Un cadavre. De qui ? Elle se remémore laborieusement cette fête. Le compte des gestes, des rires, des amis. Mélissa tout d'abord, aussi bien que le reflux des vagues ou le balancement des algues, si élégantes sous l'eau. Mélissa l'amie de toujours, et Madame Zoratini, qui jouit de contempler le malheur d'autrui. Puis Marc, Pauline, Augustin. Dans un vertige, le monde ressurgit. Que s'est-il passé ? Qui était là ? Que fait ce cadavre à deux pas d'elle ? Elle se souvient de Pauline poursuivant un jour Gaspard avec un couteau. Un vrai couteau, une vraie envie de tuer. Qui est mort ? Elle revoit Augustin, enlevé par le patron d'une pizzeria à qui il devait de l'argent, Paul, qui dénotait tellement parmi eux. Sur qui compter ? Des signes adviennent, infimes, qui lui font douter peu à peu de ses amis et les éclairent sous un autre jour. Des petits riens qui lui font dire que tout est faux, que les gens ne sont jamais ce qu'ils prétendent être. Et ce corps enfoui sous les lauriers roses. L'a-t-elle rêvé ? Elle n'ose y retourner. Elle y retournera. Ne le retrouvera pas. N'était-ce donc qu'une hallucination ? L'a-t-elle réellement vu, ou bien ce n'était qu'un songe témoignant de ce qu'une partie d'elle était morte, assassinée ?
Superbe composition en fragments dérivant les uns contre les autres, épars dans cette remémoration languissante. Superbe travail de déliaison, à convoquer les visages amis pour s'en défier dans une langue pleine de méandres, cheminant avec lenteur et affection entre les rives de son monde fourvoyé. Un « noir » très « blanc » finalement, qui fait singulièrement entrer dans la littérature noire le phrasé méditatif d'une écriture attentive au sensible qui la déborde de toute part. Épousant l'effort même de la narratrice, qui doit recomposer, reformer le monde, le texte s'offre comme l'arrangement subtil d'un univers abîmé, il y a bien longtemps sans qu'on l'ait su, quelque part dans ces années soixante où tout semblait aller continuellement de soi.

Article initialement paru le 10 avril 2009
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
J'étais en boule comme un animal qui va mourir, perdue.
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