CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 19.5
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
ISBN : 978-2-7493-0983-5
Nombre de pages : 104
Format : 22x30cm
Année de parution : 2023
Crédits
Dessinateur(s) :
Scénariste(s) :

Coloriste: Roger Vidal, coloriste: Christina G.

Contexte
Régions : ,
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6 / 10

La Petite fille et le postman

Dessinateur :
Scénariste :

Père de substitution

Le lundi 23 avril 1906, au lendemain du tremblement de terre à San Francisco, Alan Bridge profite d'une faille dans le règlement des postes pour envoyer sa fille chez ses parents à Chicago. Il a pour se faire payé en timbres la somme de trois dollars nécessaire aux envois de moins de cinquante pounds. Se permettant même le luxe d'acheter une assurance. Jenny, le « paquet », est récupéré par Enyeto, un facteur amérindien. S'ensuit une traversée haute en couleur à travers les États-Unis parsemée d'écueils, de rencontres, de braquage, d'emprisonnement, qui revisite l'histoire d'une époque avant une arrivée citadine déconvenue. Car Jenny, jeune fille rebelle, qui a perdu sa mère pendant le tremblement de terre, qui ne reconnait pas Alan Bridge comme son père, va se rapprocher d'Enyeto, apprendre avec lui des pans de vie, partager des amours chevalines (Katanko puis Espoir), des rêves mythologiques indiens avant de se retrouver esseulée dans sa nouvelle famille, qui ne l'aime pas. Quant à Enyeto, abandonnant sa carrière postale après avoir rempli sa mission, désireux de garder un œil sur Jenny, il va se retrouver à travailler dans un abattoir en compagnie de bouchers racistes. Mais un lien subsiste entre Enyeto et Jenny, bâti sur une promesse, et convoyé par Espoir.

Se basant sur des faits avérés (l'envoi d'enfants par voie postale suite à une interprétation douteuse des règlements de poste), Bertrand Galic a proposé une histoire digne de l'arrivée d'Oliver Twist dans La Petite maison dans la praire. Le récit brasse plein de thèmes (sociaux, raciaux, ethnologiques, sociétaux et même mythologiques) dans lesquels s'engouffre Roger Vidal pour nous proposer des planches naïves avec un dessin qui tire au réalisme et qui se permet quelques libertés notamment pour tout ce qui touche au monde des rêves. Les deux auteurs instillent aussi un brin d'humour avec une traversée audacieuse en bateau à roue puis en train où un crottin de cheval et une cachette sous des jupons permettent de donner un peu d'air frais à une intrigue douloureuse qui va puiser aux failles de la paternité. Véritable amitié naissante, la relation entre une orpheline blanche et un père de substitution amérindien est joliment racontée jusqu'à un final ouvert, propice à toutes les interprétations, de la plus heureuse à la plus sombre. Une bien jolie histoire d'un mythe américain avec du rêve.

Article initialement paru le 12 octobre 2023
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Certains hommes mettent les enfants en cage, d'autres les aide à voler. Je connais le poids de ma mission, les responsabilités qui m'incombent. Il se trouve que ceux de mon 'espèce' ont un sens aigu de l'honneur. Je ne suis pas un lâche comme toi ou ce tordu d'Alan Bridge. Je ne suis pas non plus comme mon père. L'abandon n'a jamais été une option envisagée.
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