À Harkings, la demeure du riche homme d’affaires Hartley Parrish, l’avocat Robin Grève fait sa demande en mariage à Mary Trevert. Cette dernière lui avoue alors qu’elle est déjà fiancée à Parrish car elle souhaite un certain confort de vie pour sa mère et elle. Parti en claquant la porte, Grève est aperçu dans le couloir qui passe devant le bureau de Parrish peu de temps avant que Mary Trevert entende un coup de feu. On retrouve le corps de Parrish devant une fenêtre. L’homme tient un pistolet dans la main. Une lettre ainsi que son testament sur son bureau ne laissent que peu de place au doute : il s’est suicidé. Des médecins confirment sa neurasthénie. Seulement, il en faut plus pour convaincre l’inspecteur Manderton, de Scotland Yard, dépêché sur les lieux. Surtout que Robin Grève ne croit pas non plus à la thèse du suicide, ce qui fait de lui le suspect principal. Parrish recevait régulièrement des lettres sur papier bleu à en-tête de l’entreprise de Rotterdam Van der Spyck et C° ce qui laisse penser à un chantage d’autant que Parrish craignait un certain Victor Marbran, un ami d’enfance qu’il aurait trahi. D’ailleurs, on ne sait rien du passé de Parrish, ni même comment il a pu faire fortune. Pour Grève et Manderton, il faut remonter la piste de ces enveloppes bleues. Seulement, Mary Trevert a eu la même idée et a devancé les deux hommes, n’hésitant pas à se jeter dans la gueule du loup.
Valentin Williams est le grand oublié de ces années 1920 malgré une qualité d’écriture qui le place au-dessus d’Edgar Wallace et d’Agatha Christie. Et ce d’autant plus que la collection « Le Masque » a fait paraître dès le début nombre de ses romans à commencer par sa série du « Pied Bot », publiée intégralement (7 volumes d’espionnage). La Veine jaune est le premier des trois romans mettant en scène Manderton, l’inspecteur de Scotland Yard. En écrivain avisé, Valentin Williams fait intervenir à un moment donné le major Euan Mac Tavish, que l’on croise également dans Le Trois de trèfle (« Le Masque » n° 2). La trame de ce roman est très classique : un crime est commis dans un manoir anglais et l’assassin se trouve parmi les présents dans la demeure. Ici, tout accuse l’un des invités, et il doit trouver la vérité non pas pour démontrer son innocence mais parce qu’il s’agit de la seule façon de reconquérir le cœur de la femme qu’il aime. Les lettres sur papier bleu annoncent un chantage, mais il y a une certaine modernité qui se dégage sur les raisons mêmes de ce chantage : l’enrichissement honteux fait pendant la guerre sur fond de commerce avec l’ennemi. Valentin Williams internationalise le crime en plaçant son origine aux Pays-Bas. Grève et Manderton vont finir par s’unir, et il leur faudra bien ça pour mettre trouver le coupable du crime (avec là aussi un détour vers ce qui fera l’essence du roman noir : le coupable est celui qui appuie sur la gâchette et non celui qui tend l’arme).
Jaquette avec ses rabats du Masque n° 50 illustrée par A. Masson.