Rodney Belliver, le secrétaire de Maître Lanson, est un jeune homme qui a l’avenir devant lui dans la cité portuaire anglaise de Westport. S’il ne connait pas ses parents, il a été pris sous la protection de son patron. Il est même tombé amoureux de Phyllis, la nièce de Lanson. C’est alors que ce dernier devient plus froid avec lui. Lui intime de cesser de fréquenter Phyllis. Lors d’une rencontre houleuse, il lui produit certains papiers et Rodney Belliver, fâché, part en claquant la porte. Plus tard, on le retrouve remonté sur le port haranguant les dockers en grève qui travaillent pour Mr. Baird. L’homme ne lui plait pas. Et c’est à Black-Tor, la demeure de Baird, que Lanson meurt un soir d’un coup de revolver alors qu’il était seul dans sa salle de billard et avant de voir certaines affaires financières avec son hôte (Baird est aux portes de la ruine). Belliver était dans les jardins attendant un rendez-vous avec Phyllis. Mais Belliver était aussi en possession de l’arme du crime. Pour la police, il ne fait aucun doute que c’est lui le coupable. Seuls son ami Feeeling, du Journal de Westport, et Phyllis le croient innocents. Avec l’aide du détective privé Grainger, ils vont remonter une piste qui les emmènera jusqu’à la demeure d’un maître d’école de Lakefort où une partie de l’histoire de Belliver sera révélée. Seulement, ça ne suffira pas. L’autre partie se trouve à Westport dans un secrétaire avec un tiroir secret.
Avec quatre romans traduits, dont deux de la série mettant en scène son héros principal Philip Tolefree, Robert Alfred John Walling a connu une certaine visibilité avant-guerre en France. L’Agenda de Monsieur Lanson est un roman unitaire intéressant. L’auteur fait preuve d’une jolie écriture pour accompagner une intrigue plus retorse qu’il n’y parait : un homme qui fuit une scène de crime alors que tout semble l’accuser est somme toute un point de départ assez banal. Si on lui associe une naissance mystérieuse et une jeune fille dont il est amoureux mais qu’il ne peut épouser, on prend le risque de plonger dans une suite d’aventures prémâchées par nombre d’auteurs qui l’ont devancé. Et si on y ajoute un agenda qui a disparu, on frise l’indécence. Pourtant, Walling parvient à surprendre son monde par la structure de son intrigue. En effet, celle-ci propose une enquête à trois niveaux avec trois enquêteurs différents (pour prouver l’innocence, on ne comptera pas l’inspecteur de police qui cherche à l’incriminer), rarement simultanés : l’accusé, son ami journaliste et un détective. Le détective n’apparait qu’à partir de la page 121 (à la moitié du roman) et joue « contre » la police (on s’amusera de sa minutie lorsqu’il s’agit de semer une voiture de police en pleine campagne et de sa faconde). Quant à l’explication finale, on serait tenté aujourd’hui de la qualifier d’actuelle, voire moderne. Un retournement de perspective qui surprend chez un écrivain de l’époque et qui a lui seul mérite que l’on s’attarde sur ce roman.
