Quand on n'est pas cinéphile, que sa maigre culture cinématographique s'est construite sur la seule base de ses inclinations du moment – et a en outre été, pour l'essentiel, nourrie de diffusions télévisuelles, quelle légitimité pourrait-on avoir à chroniquer un ouvrage aussi spécialisé que celui-ci ? Aucune, sinon celle d'un esprit curieux aimant les livres non seulement pour leur contenu mais aussi en leur matérialité, et qui se pencherait avec le même intérêt sur un essai d'archéologie, d'histoire des techniques ou des sciences… Un esprit non pas capable d'apprécier ce que ledit essai apporte de neuf ou d'inédit sur le fond mais sachant simplement goûter à sa juste valeur sa conception, la manière dont il sert son sujet. Et quand un sujet paraît bien servi, peu importe que l'on soit à peu près ignorant en sa matière : être confronté à un texte cohérent, organisé avec soin et accessible sans être simplificateur, écrit de telle façon qu'il intéresse de bout en bout par lui-même suffit à rendre heureux et à stimuler l'intellect. Il me semble, de ce fait, que rien ne s'oppose à ce que je m'autorise une chronique, aussi lacunaire fût-elle, sur le livre d'Alain Cresciucci.