Nous sommes en 1933. Les nazis sont arrivés au pouvoir et ça commence à se sentir. Dans un Led Zeppelin qui fait route vers le Brésil, nous allons rencontrer différents passagers. Parmi eux, une baronne liée aux nazis, même si ceux-ci sont parfois vulgaires. Elle cache surtout que son neveu pourrait être une prochaine victime des nouveaux gouvernants car il fait partie des milieux homosexuels ; un Anglais qui semble approuver la politique nazie même si lui aussi s’était réfugié à Berlin pour vivre ses amours « contre-nature » ; un marchand se rendant au Brésil pour essayer de trouver du bon café (mais ne cache-t-il pas le fait d’être juif ?) ; un médecin allemand qui croit en l’eugénisme et un policier qui arbore la croix gammée avec conviction. Tout ce monde semble discuter en bonne compagnie, tandis que le capitaine du Zeppelin les regarde sans être joyeux car il est, lui, peu attiré par les ors du nouveau régime. Un matin, les choses deviennent compliquées quand l’un des voyageurs est retrouvé mort dans les toilettes, empoisonné. C’est un journaliste et il a dans ses bagages, car il fuyait le pays, des brochures homosexuelles (dont des photos du neveu de la baronne). Le capitaine décide de faire appel au policier pour faire la lumière sur la mort et éviter des problèmes.
Samir Machado De Machado nous propose un court roman qui se divise en trois parties, dans la pure tradition du roman policier classique : une première partie où sont proposés les personnages, une deuxième où intervient le meurtre et l’enquête, un final où la résolution est présentée ici, de manière double, car la vérité finale est différente de la vérité dévoilée lors de l’enquête). Le lecteur pourra se poser des questions sur l’intérêt d’un tel roman : certes, il revisite Agatha Christie en situant l’intrigue dans un Zeppelin en vol, mais entre des digressions sur les bienfaits d’une politique raciale, sur le sort réservé aux homosexuels dès l’arrivée au pouvoir (même si l’auteur se trompe en disant que le parti nazi est arrivé par les urnes ce qui n’est pas juste), mais l’ensemble reste dans la mollesse. Peut-être est-ce dû au calme du vol et au luxe de l’aéronef, mais c’est un texte assez soporifique et sans grand intérêt pour les amateurs de noir ou même de policier. Seul un final qui renverse l’intrigue réveillera peut-être ceux qui auront tenu jusque-là.