CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 17.5
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
Collection :
ISBN : 978-2-344-04975-4
Nombre de pages : 72
Format : 24x32cm
Année de parution : 2023
Titre original : Il nome della rosa
Crédits
Traducteur(s) :
Dessinateur(s) :
Scénariste(s) :

Scénario inspiré de son œuvre: Umberto Eco, coloriste: Simona Manara, adaptation graphique: Aurore Schmid

Contexte
Époque :
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8 / 10

Le Nom de la Rose. Livre premier

Série :
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Scénariste :

Enquête abbatiale inquisitrice

Adapter en bande dessinée le très dense et érudit roman Le Nom de la Rose, d'Umberto Eco, tient de la gageure. Mais son compère italien Milo Manara s'en sort très bien dans ce premier volet qui relate au XIVe siècle l'arrivée de Guillaume de Baskerville et de son élève Adso dans une abbaye bénédictine en plein mois de novembre. Abbaye tenu par un abbé qui s'oppose au pape hérétique et qui va receler bien des secrets et des dangers. Milo Manara réussit à s'émanciper, ce qui n'est pas facile, de l'imagerie qu'a conféré le film de Jean-Jacques Annaud à l'intrigue savamment distillée par Umberto Eco. Les deux hommes de foi se retrouvent dans une enceinte fortifiée, à l'abri des regards, avec une hostellerie immense et une bibliothèque à l'identique. Mais le corps d'un moine retrouvé tête plongée dans une jarre non loin d'une tête de porc va être le début d'une enquête épineuse. Il s'avère très vite que cet homme, Venantius de Salvemec, était déjà mort avant que d'être plongé dans cette jarre. Et, irrésistiblement, la piste ramène à la bibliothèque où les moines copistes s'affairent. Une bibliothèque avec une porte secrète, tenue de main de fer par un archiviste inébranlable. Milo Manara épouse l'intrigue concoctée par Umberto Eco. Son scénario est au cordeau et digne du magnifique roman qui est à la fois érudit, historique, ésotérique et un hommage aux mauvais genres. Ses bulles sont très fournies, très denses, très lettrées, mais jamais bavardes. Son dessin est minutieux. On sent l'apport de la recherche historique. Le dessinateur s'amuse avec des cases gothiques et des passages secrets qui s'ouvrent quand on plante ses doigts dans les orbites de crâne. Ses bâtiments sont immenses et vertigineux. L'abbaye est ressuscitée dans toute sa splendeur. Certaines cases ressemblent à des enluminures alors que d'autres s'apparentent à un imaginaire sacré collectif. Mais sous la plume de Manara, le Diable et les tentations ne sont pas loin. Il est omniprésent sous toutes ses représentations ou par ses conséquences. On attend avec impatience de savoir comment il a dessiné LA scène charnelle du roman, celle entre Adso et une jeune paysanne. On se rappelle que Manara est un maître de la bande dessinée érotique, que c'est l'auteur du Déclic. Qu'à côté d'Hugo Pratt, il a créé des personnages féminins troublants. La longue ébauche de la scène, en toute fin de volume, nous laisse forcément sur notre faim. Mais Milo Manara nous donne rendez-vous dans un second livre, qui démarrera de toute évidence très fort. L'attente risque d'être longue…

Article initialement paru le 23 novembre 2023
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Dur métier, celui d'inquisiteur : il faut tanner les plus faibles au moment de leur plus grande faiblesse.
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