Adrien a fait du droit. Il a même doublé et triplé sa première année tellement il y croyait. Avec son ami Tony, qui a eu le même parcours, ils ont également été amoureux de la même femme. Mais à force de trainer dans les bars, ils ont tiré le diable par la queue et, pour se refaire, ont décidé de voler un homme croisé par hasard, complètement ivre. Mais ils l’ont violemment tabassé et ont été arrêté.
Quelques années ont passé. À sa sortie de prison Adrien est devenu barman et discute le soir avec des clients. Il apprend ainsi des choses dont il se servira plus tard. Il a rencontré une jeune femme qui n’est pas insensible à son charme mais est très riche (elle ira jusqu’à lui offrir une Porsche). Et voilà que Tony revient dans sa vie avec la jeune femme du début devenue avocate (lui aussi d’ailleurs a réussi à passer ses diplômes depuis la prison. Et Tony a toujours des idées pour améliorer sa vie et celle de ses amis. Adrien se laissera-t-il tenter ?
Le roman de David Agrech est très particulier. Il regarde du côté du roman plus traditionnel, mais installe des atmosphères très proches du roman noir (le poids du social, l’amour et ses multiples péripéties, les armes à feu, le besoin de s’enrichir qui pervertit les plus purs). La vie du barman qui observe les gens mais va en tirer des informations importantes ressort elle aussi du texte noir, n’est-ce pas ? Les chapitres descriptifs permettent, aussi étrange que cela puisse paraitre, de relancer l’intrigue jusqu’à un final très intelligent et finement amené. Il faut au lecteur de la patience pour comprendre que chaque élément séparément semble s’éloigner du centre de l’histoire et découvrir qu’à l’inverse ces éléments fonctionnent de manière concentrique pour ramener au centre du foyer principal des données nouvelles qui vont alimenter encore mieux le feu central. Petit bijou de construction, Le Plus vieux chant du monde est un grand roman qui touche au genre et s’en sert pour sa propre vision, un peu décalée, mais très intéressante.