Antonis Raptis, élève de dix-sept ans du petit village de Chryssodendri dans le nord-est de la Grèce près de la frontière turque est entré armé (une arme volée à un amateur d'armes du village, dont la fille était scolarisée avec le tueur) dans sa salle de classe et a tiré sur ceux qui s'y trouvaient avant de se donner la mort. Quatorze victimes sont à déplorer, sans parler d'un élève dans le coma. Comme nous sommes dans un roman, quelques chapitres ponctuent le récit en faisant parler un chœur, celui des morts qui veulent faire entendre leur vérité sur l'histoire. Cette histoire va être peu à peu dévoilée par Filipos Sextos, patron de bar à Athènes, qui écoute beaucoup les gens et aimerait savoir ce qui s'est passé pour que l'on en soit arrivé à ce point. Il mène donc une enquête discrète dans le village afin d'en savoir plus, soulevant les rancunes profondes entre les habitants, essayant de cerner la personnalité du tueur. À la fin, une vérité un peu différente, un peu éloignée de celle officielle pourra sans doute se dégager.
Texte littéraire court, le roman vogue entre présent et passé pour essayer de reconstruire une histoire qui se dérobe régulièrement, montrant que chaque action a plusieurs facettes. Ce qui intéresse Auguste Corteau, son auteur, c'est visiblement plus la façon de raconter son histoire, de créer le kaléidoscope des situations, des émotions, des personnages, que de construire une intrigue policière classique, plus apte à être comprise immédiatement par les lecteurs. De fait, creuser la version officielle va pousser Filipos Sextos à mettre au jour un autre crime qui explicite celui effrayant que nous avons eu au début. L'Enfant qui sema la mort est un roman qui intéressera plus les amateurs qui cherchent une lecture littéraire classique s'appuyant sur une histoire policière que véritablement sur une enquête orthodoxe. Mais le roman joue là-dessus et demeure intéressant à la fois universellement et géographiquement.