À peine âgé de dix-neuf ans, et pour avoir simplement bravé le couvre-feu pour retrouver la fille qu'il aime, Ahmed est envoyé au bagne, dans l'un des pénitenciers de Guyane, les terribles Îles du Salut dont personne ne revient jamais vivant. Un enfer du bout du monde où guettent le désespoir et la maladie, et où gardiens et requins empêchent toute évasion. Malgré la compagnie d'André, qui l'a pris sous son aile, Ahmed se sent flancher. Jusqu'à ce jour où il aperçoit une petite fille en robe blanche, incongrue comme lui dans ce cauchemar. Contre toute attente, cette simple vision va lui redonner espoir.
Si L'Enfer est présenté par son éditeur comme un polar jeunesse, la collection étant annoncée pour les 12-14 ans, il ne faut pas compter sur Marin Ledun pour lever le pied sur la noirceur qui caractérise ses romans adultes. La seule concession faite à ce public pourrait sans doute se voir dans la longueur de cette novella, et encore !, sa brièveté la rendant sèche comme un cauchemar, dont tout le gras a été évacué. Enfermé pour une raison stupide, sans espoir de justice, ni de libération, Ahmed s'y débat, perd pied, et ne peut que se réfugier dans des joies dérisoires, des instants volés à un destin qu'on sait d'emblée tragique. Moment d'absurdité pénitentiaire, L'Enfer est un de ces textes qui remuent, qui font du roman noir, au delà des éventuelles petites cases du polar (autant le dire tout de suite, il n'y a ici aucun meurtre, autre que judiciaire, aucune enquête, et la justice y est aussi expéditive qu'injuste), une façon d'évoquer simplement la vie, dans toute sa dérisoire fragilité.