Sarah Turner est une célèbre pianiste passionnée par Agatha Christie dont elle a racheté une maison. Elle a même trouvé dans le jardin la statuette d’Edgar Allan Poe qui récompense une œuvre policière. La romancière avait dû l’y cacher. Sarah ne se sépare jamais de sa statuette ! Pourtant, un jour, comme son maître à penser l’avait fait en 1926, elle disparait. Seule différence, elle ne réapparait pas, laissant une petite fille avec une tante. Elle ne donnera plus signe de vie. Des années ont passé. Le brillant inspecteur Sweeney a mis sa carrière en pause pour devenir détective privé. Mais sa nouvelle profession ne décolle pas. C’est alors que sa tante vient le voir : elle aussi est une fan de Sarah et de sa fille, Agatha C, devenue elle aussi une grande pianiste, et elle vient de découvrir un élément qui cloche. Dans un reportage, la jeune femme pose dans son intérieur, l’ancienne maison de l’auteure, et en arrière-plan on distingue bien la statuette qui présente la même petite fêlure que l’original : comment cette statuette peut-être là ? Jamais la disparue ne l’aurait laissé ! Ou alors, elle serait morte et son corps caché ? Elle demande à son neveu d’enquêter et de retrouver Sarah Turner. De quoi donner à Sweeney un coup de fouet à sa carrière. Il va donc voir Agatha et sa tante espérant en savoir plus.
John-Erich Nielsen est un auteur qui a pris l’habitude de proposer de courtes intrigues. Ici, on a un exposé de l’affaire, des entretiens avec quelques personnes qui pourraient en savoir plus (la pianiste, sa domestique, son agent, son professeur de piano), puis lors d’un concert, la révélation intuitive. On réunit tout le monde dans la saine tradition du genre et on déballe la vérité. John-Erich Nielsen nous offre donc un récit sobre, s’inscrivant, non dans la parodie ou le pastiche, mais dans l’hommage, avec son détective central, quelques personnages excentriques (dont un professeur de piano russe qui sait tenir la bouteille) pour une intrigue intéressante, peu mouvementée, où la vérité se fait jour dans le dernier chapitre. Les amateurs de cette tradition y trouveront de quoi s’occuper, même s’il y a peu de rebondissements, ni même d’indices, toute l’histoire reposant sur une révélation presque mystique du policier, jouant sur le parallèle entre la jeunesse d’Agatha Christie, sa disparition et la réédition du même événement par une pianiste. Les autres lecteurs pourront lire avant de se dire « and so what ? »