En 1912, deux ans après l'attentat qui a coûté un bras à la Commissaire Solange Chardon de Tonnerre, l'agent d'élite de la brigade mobile doit se rendre à Limoges pour faire réparer son encombrante prothèse qui dysfonctionne. Mais ce qui devait être un simple voyage de maintenance se révèle une plongée dangereuse dans un monde d'anarchistes, de gueules cassées et de proto-cyborgs. Entre attentats et complot international, il va y avoir de la casse !
En combinant leurs talents il y a trois ans pour créer « Les Brigades du Steam », Cécile Duquenne, auteure aux fortes influences pulp, et Étienne Barillier, spécialiste du steampunk auquel il a consacré plusieurs ouvrages hautement recommandables, avaient réussi à brillamment intégrer le genre, à l'origine anglo-saxon, dans la grande tradition des littératures populaires françaises, entre le roman-feuilleton des fascicules d'avant-guerre et les romans d'enquête « à l'ancienne ». Avec son duo de héros complémentaires – Solange Chardon de Tonnerre, commissaire forte en gueule équipée d'un bras mécanique aussi monstrueux à ses yeux que surpuissant, presque une super-héroïne avant l'heure, et Auguste Genovesi, mécano méticuleux et méridional, employés par Clemenceau dans ses célèbres Brigades (ici du Steam et plus du Tigre), Les Chiens de Porcelaine propose un récit débridé et alerte qui, tout en fonçant à cent à l'heure sur une intrigue en lacets (mis à part un certain « ventre mou » à ses deux tiers), parvient à s'inscrire dans l'Histoire des premières années du XXe siècle, à travers de nombreuses références à des mouvements politiques naissants, des événements réels ou des situations plausibles. Mais sous ses atours de blockbuster ne reculant pas devant les pétarades, il offre également une vraie réflexion sur le sort des handicapés, le regard des « autres », le statut de la femme dans un monde qui change. Belle aventure steampunk, qui part d'une situation banale pour finir en fanfare, (presque) sans jamais ôter le pied de l'accélérateur, ce second volet des « Brigades du Steam » (qui en appelle évidemment d'autres, malgré sa conclusion ambiguë) est une lecture idéale pour l'été, fun, mais qui ne prend jamais ses lecteurs pour des idiots. Faites chauffer la vapeur !