Lorsqu’une femme est découverte assassinée dans une cathédrale de la petite ville irlandaise de Ragamullin, l’inspectrice Lottie Parker et son coéquipier Mark Boyd identifient une certaine Susan Sullivan, membre des services de l’urbanisme local. Lottie qui tente de gérer la mort de son mari emporté par un cancer et ses trois enfants adolescents à élever. Le seul à regretter Susan Sullivan est son supérieur, James Brown (!), mais l’assassin le tue à son tour, le forçant à se pendre, même si la thèse du suicide est vite éventée. Il est possible que Brown ait fait l’objet d’un chantage, puisqu’il était homosexuel, mais à part leur travail, les deux victimes n’avaient rien en commun. Jusqu’à ce qu’on découvre qu’ils avaient tous les deux le même tatouage assez grossier… En attendant, leur mort n’arrange guère ceux qui préféreraient la discrétion sur un projet de développement immobilier autour de Sainte-Angèle, un orphelinat non loin de Ragmullin, où quarante ans plus tôt, plusieurs enfants ont disparu sans laisser de traces. Il faut croire qu’il s’y passait des choses peu catholiques sous couvert de religion, et que quelqu’un veut faire ressortir ce peu glorieux passé…
Un roman de chez Bookouture, une prolifique maison d’édition numérique qui a pour point commun d’inonder le marché avec des romans les plus génériques possible avec une écriture simplifiée de type verbe-sujet-complément : un mélange de pulp à l’ancienne et de collection populaire genre « Spécial-Police ». Ce qui, disons-le, semble fonctionner, puisque les ouvrages de Freida McFadden en viennent. Sauf que les pulps brillaient par leur action non-stop et que les « Spécial-Police » faisaient entre 180 et 240 pages… En fait d’« intrigue incroyable », comme le proclame la couverture (avec quatre, pas moins, « cinq étoiles » surgis de nulle part puisqu’il n’y a pas de mention d’origine !), on a droit à un classique marabout-d’ficelle multipliant inutilement les personnages pour remplir 500 pages bien tassées. Les inspecteurs eux-mêmes, toujours classiquement, n’ont guère plus de personnalité que trois post-it en salle de développement, l’inspectrice ayant perdu son mari et restant avec trois enfants (comme l’auteure…), ce qui en fait la figure du Détective À Problème cher à feu Michel Lebrun. L’intrigue ne cesse de s’embrouiller, bien qu’on se doute vite du mobile (un orphelinat, des enfants maltraités, un passé peu glorieux, ça ne rappelle pas un paquet d’autres romans ?) jusqu’à une « fin à couper le souffle » (toujours une citation emphatique sans auteur…) où le coupable, s’il n’est pas tiré d’un chapeau, selon une déplaisante coutume récente, pourrait être n’importe lequel des nombreux suspects. Et inutile d’y chercher une quelconque couleur locale, l’histoire pourrait se passer n’importe où. Vu que le tout progresse majoritairement en dialogues, on imagine que le public des séries télévisées sera content, mais le tout réussira-t-il à se vendre sans la force de frappe d’un Fleuve Noir ou Albin Michel, qui fournissent d’innombrables produits semblables ?