Pour une fois, votre humble chroniqueur (c'est moi) ne va pas céder à l'exercice habituel du résumé. Comment réduire à quelques phrases un roman qui se compose majoritairement de ces « flux de pensée » chers à James Joyce, et tellement décriés par une partie des literari en étant encensés par d'autres ? Donnons quand même un contexte : le tout se déroule dans une grande capitale sous l'occupation d'un monstre insaisissable laissant derrière lui des cadavres (monstre dont on se doute qu'il s'avèrera métaphorique). Dans cette ville, David, le Golden Boy revenu de tout et Alice, l'enseignante en pleine crise de vocation, n'auraient jamais dû se croiser, mais les rencontres ne sont-elles pas forcément aléatoires ? Ils seront réunis avec d'autres convives triés sur le volet pour une soirée dans un restaurant éphémère tenu par un chef, une serveuse et un maître d'hôtel qui ont la particularité d'être une seule et même personne : Dominique, comédien transformiste lunaire qui n'est pas tant un transsexuel qu'un Janus qui se rêve en sorcière. Car cette soirée n'est pas comme les autres dans ce restaurant de mensonges qui, paradoxalement, vise à dévoiler la vérité des êtres… On le voit, on est loin du tout-venant, Charles Roux, l'auteur, se permettant d'apostropher ses personnages et même le lecteur est bousculé dans son ronron médiatique. Sans trop déflorer, on se permet même une escapade vers cette littérature de l'insurrection très actuelle dont l'épitome est bien sûr le séminal Les Renards pâles, de Yannick Haenel. Que du bon donc ? Non, car comme bien des primoauteurs (et pas seulement), Charles Roux ne peut résister au besoin de noircir de la page au point de se répéter : des coupes auraient allégé la sentence sans pour autant trahir la substantifique moelle et la métaphore du récit. Un roman à part donc, qui par définition ne pourra pas plaire à tout le monde. Mais ce n'est pas fait pour, et donc ça s'avère indispensable par définition…