Benjamin Curiel est un Français avec des racines juives qui a effectué son service militaire et entend devenir spécialiste de la Russie au sein des services de l’armée. Il a même essayé d’intégrer les services secrets, mais a été refusé sans qu’il en comprenne bien les raisons. Depuis, bien des années ont passé. Benjamin, sa femme et ses enfants ont émigré en Israël où il est devenu le patron d’une start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle appliquée aux différents domaines de la défense. C’est alors qu’il reçoit la visite d’un espion français qui lui demande de devenir un honorable correspondant, c’est-à-dire qu’il pourrait fournir des renseignements sur ses clients ou sur certains domaines dans lesquels ses clients aimeraient le voir travailler. Benjamin Curiel accepte mais à une condition : qu’on lui explique pourquoi, des années plus tôt, les services secrets ont refusé de l’engager. Ces derniers acceptent mais ne lui donnent pas la véritable raison tentant de lui fournir une vérité alternative auquel l’ancien militaire refuse de croire. Si les services français veulent continuer avec lui, il va falloir qu’ils lui fournissent des informations sur son concurrent : un groupe européen qui travaille sur le même genre de logiciels et qui est dirigé par un Français. Échange de dupes, sueurs froides des services israéliens qui savent eux les raisons profondes de l’éviction de Curiel et duplicité du « héros » qui comprend que dans un monde cynique, il convient d’être aussi cynique que les autres.
Ce roman d’espionnage d’Ivan Sand joue sur les faux semblants, sur les coups tordus, sur les pièges, plus que sur l’action pure. Centrée au départ sur un personnage, l’intrigue s’étend (et au départ on ne sait pas trop pourquoi) sur son épouse. L’Honorable correspondant est un récit qui a perdu sa structure chronologique pour égarer volontairement un peu plus le lecteur, mais l’égarer et le perturber comme peuvent l’être les protagonistes de cette histoire, où chacun cache son jeu, envisage de doubler les autres pour son propre compte ou celui de son pays. Variation intelligemment mené sur le monde des miroirs, des informations secrètes qui peuvent provoquer des désastres, sur des alliés qui se tirent dans les pattes, sur le cynisme érigé en valeur absolu, L’Honorable correspondant est un roman d’espionnage plus profond qu’il n’y parait au premier abord.