CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 8,30 €
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Numéro collection : 5866
ISBN : 978-2-264-07980-0
Nombre de pages : 198
Format : 18 X 11 CM
Année de parution : 2023
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7 / 10

L’Inconnu de Cleveland

Thibault Raisse s'intéresse à un cold case qui a tous les ingrédients pour devenir mythique : la découverte en 2002 du corps d'un sexagénaire qui s'est suicidé. L'homme vivait sous une fausse identité depuis des années, et a laissé des blancs immenses dans sa biographie. Surtout, il avait tous les "atouts" pour devenir un tueur. Une enquête qui laisse cependant bien des parts d'ombre.

Été 2002. Sous une terrible canicule, les détectives Chris Bowersock et Ted Kroczak se rendent à Dover Place Apartments dans la petite ville d’Eastlake dans l’Ohio, suite à un appel radio. Dover Place Apartments est un complexe de préfabriqués pour des locataires de passage. Parmi eux, un Deads On Arrival, en la personne de Joseph Newton Chandler III. Un sexagénaire tout ce qu’il y a de plus discret. Tellement discret, qu’il n’a pas eu la moindre contravention, le moindre rapport avec la police tout du long de sa vie. Le corps est dans un état de décomposition très avancé (la climatisation ne fonctionnait plus). Mais il ne fait aucun doute que l’homme s’est suicidé (on apprendra par la suite qu’il souffrait d’un cancer du colon). Le premier point troublant c’est que ça fait dix-sept ans qu’il vit dans cette résidence de passage. Le deuxième, c’est que son compte en banque est bien fourni. Le troisième c’est qu’on ne lui connait aucune famille. Avant que le montant de son compte en banque ne soit transféré dans les caisses de l’État, des investigations sont menées par un détective privé qui ne trouve rien. Un second va se poser d’autres questions. On va finir par être persuadé que l’homme vivait sous une fausse identité. Une disparition volontaire. Mais pourquoi ? Des éléments chronologiques vont venir troubler les forces de l’ordre à commencer par Peter Elliott, des US Marshals, convaincu que derrière cet homme qui n’a jamais baissé sa garde une seule fois de toute sa vie se cache un psychopathe. L’ombre du Tueur au Zodiac, qui a nargué la police avec ses crimes et ses cryptogrammes, plane. Amplifiée par les recherches de James Renner (quelque part à l’origine de cette enquête journalistique de Thibault Raisse). Il faudra bien des avancées technologiques et la création du DNA Doe Project pour redonner à cet homme sa véritable identité. Mais aux États-Unis plus encore qu’ailleurs, redonner une identité ne suffit pas à combler les trous d’une vie.

Avec un style propre au true crime, style qui permet de se fondre dans cette collection créée avec le magazine Society, Thibault Raisse remonte la chronologie de cette enquête forcément hors du commun. Le journaliste se heurte lui aussi aux trous de cette vie d’un homme taiseux, qui a abandonné sa femme et leurs enfants, pour finir par finir dans un appartement de préfabriqués avec pour seul objet personnel un sticker d’un personnage de Peanuts. Son enquête laisse plus de questions que de réponses. Elle laisse aussi sur le carreau nombre d’enquêteurs certains d’approcher la vérité, de la toucher du doigt, mais incapables (et pour cause) de clôturer leurs investigations. Simple disparition ou mutation en criminel ? L’histoire ne peut le dire. Ce que l’on peut en revanche affirmer c’est que cet Inconnu de Cleveland se lit d’une traite, comme se lit un roman qui prendrait pour protagoniste principal un homme ordinaire dont la quête est de se fondre dans un certain paysage. Le journaliste y apporte toute une évolution tant policière et procédurière que scientifique, à laquelle il ajoute un décryptage sociétal de 1945 à nos presque jours. Surtout, les pages concernant la généalogie, le montage du DNA Doe Project sont fascinantes… et inquiétantes. Mais cette histoire demeure hors normes par tout ce qu’elle projette.

Publié le 21 juillet 2025
Mis à jour le 21 juillet 2025
Pour triste qu’il soit, se faire sauter la cervelle est un acte légal. Les morts violentes n’intéressent la police qu’en l’absence de consentement. Par acqui de conscience, Chris Bowersock passe quand même le nom du vieil homme au fichier.
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