CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 23,90 €
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Édité chez
ISBN : 978-2-38399-255-4
Nombre de pages : 544
Format : 23 X 15 CM
Année de parution : 2017
Titre original : Anything You Do Say
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7 / 10

L’Instant d’après

Gillian McAllister redonne quelques lettres de noblesse au thriller domestique avec une attention toute particulière donnée à la psychologie d'un personnage ordinaire confronté à un dilemme éthique. Surtout, avec L'Instant d'après, elle s'attaque au fameux point de bascule. L'instant où tout a dérapé et rien ne sera comme avant.

Joanna passe une soirée entre amies dans un pub lorsqu’elle est la proie d’un dragueur lourd qui finit par devenir agressif. Fin de l’histoire ? Non ! Parce qu’alors qu’elle rentre chez elle, Joanna entend des pas derrière elle. Elle en est sûre, ce ne peut être que l’homme du bar en quête d’un mauvais coup. Alors qu’il est presque sur elle, la jeune femme le repousse et il fait une mauvaise chute. Stupeur : il s’agit d’un parfait inconnu ! L’enquête montrera qu’il s’agissait juste d’un joggeur tardif. Pour l’heure, que faire ? Appeler aussitôt la police, au risque de faire face aux conséquences ? Car il y a ce moment de sidération ou le malheureux est resté le nez dans une flaque d’eau assez grande pour qu’il se noie, et qui va revenir la hanter, puisque le joggeur subit des séquelles psychologiques. Ou bien alors rentrer chez soi, à sa petite vie, son mari, son frère, et devoir faire face au démon de la culpabilité ? Partir ou rester. Fuir ou lutter. Action ou vérité. Que choisir ?

Gillian McAllister nous propose un thriller domestique aux bornes du genre puisque, comme toujours, est décrit par le menu tout ce qui arrive à la protagoniste, même le plus trivial. Sauf que le tout est fait avec beaucoup plus de talent que la moyenne, surtout vu l’état du genre en Anglo-Saxonie. On est une fois de plus aux frontières grises entre la littérature dite blanche et la noire. Pas tant à cause de la profondeur du propos, que sur un véritable travail de psychologie, notamment sur la culpabilité, loin des personnages limités à deux caractéristiques sur un post-it en salle de développement, mais aussi parce qu’il y a une écriture bigrement travaillée (et donc une traduction plus qu’irréprochable), surtout vu la chute de niveau actuelle. Bien sûr, on est une nouvelle fois dans les affres de la classe moyenne aisée, mais n’est-ce pas le cœur de cible de ce genre de romans ? Comme il est dit, la structure alterne ce qui se passerait dans les deux cas de figure sans qu’on s’y perde un seul instant tant le tout est maîtrisé. Le parti-pris de crédibilité impose de détailler la vie quotidienne de la narratrice, heureusement moins ennuyeuse que les protagonistes dans ce genre de roman, tant cet accident impose une remise à plat de ses valeurs, le tout sans les grandes orgues habituelles du thriller industriel. Et c’est plutôt une bonne chose !

Publié le 5 septembre 2025
Mis à jour le 5 septembre 2025
La prison cochait les grandes cases : j’avais la sociabilisation, et l’heure quotidienne d’exercice et de grand air. J’avais accès à une aide psychologique si je voulais et je prenais des cours. Mais… rien d’autre. Pas d’en-cas impromptu. Pas de gloussements devant un film regardé tard le soir avec une amie. Pas de ruptures. Pas de voyage en train avec un latte en main. Pas d’achat impulsif de chaussures sur une pause déjeuner. Et ne les méritais-je pas, ces privations ? Si, bien sûr que si.
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