CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 9.9
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
Collection :
ISBN : 978-2-7373-8530-8
Nombre de pages : 192
Format : 11x18cm
Année de parution : 2016
Crédits

Préfacier: Jean-Bernard Pouy

Contexte
Pays :
CHRONIQUES > LIVRES >
6 / 10

Terminal mortuaire

Série :

Angoisse dans le port

Martin Mesnil est un homme de son époque qui essaie d'exister le mieux possible dans un monde bizarre et absurde. À la recherche de quelques sous pour continuer à vivre et à s'occuper de ses enfants, quand son épouse les lui laisse, il regarde le monde tourner. Quand l'histoire débute, il a besoin de quelques euros et accepte d'aller travailler sur les quais. Son métier, pour une semaine, consiste exactement à vérifier que les camions qui embarquent sur les ferries pour l'Angleterre ne sont pas en même temps un moyen de véhiculer des migrants. À peine arrivé sur place, Martin découvre qu'un migrant a été retrouvé mort, torturé, sur les grilles qui entourent son espace de travail. C'était le citoyen d'un petit pays, la Salvénie. Or, il se trouve justement que son employeur vient du même pays et qu'il a été un joueur de football, dont le père a participé activement à la guerre civile qui a déstabilisé la Salvénie il y a quelques années. Pas de politique, se dit Martin, juste un boulot pour une semaine. Mais les bonnes résolutions ne sont pas toujours faciles à tenir surtout lorsque sa logeuse avec laquelle il entame une liaison est une bénévole qui vient en aide aux migrants, dont ceux issus de la communauté salvène…
Martin Mesnil est le héros récurrent d'une série tombée en sommeil et partagée par différents auteurs. Ici, son travail provisoire est l'occasion d'une description, qui sent son vécu ou sa documentation sérieuse, sur les migrants, les problèmes rencontrés, et bien entendu les rapports avec les populations locales. S'inscrivant de manière intéressante dans une aventure policière, montrant comment les vieilles haines d'une guerre civile peuvent refaire surface quand les anciennes victimes et les anciens bourreaux se retrouvent, même à une grande distance, le roman est alerte, et l'arrière-plan politique et social n'assèche pas la dimension humaine et noire. Le personnage central n'est pas un redresseur de torts, mais un individu lambda qui essaie de (sur)vivre, en restant un être humain, alors qu'il serait si facile de se comporter autrement. Il serait sans doute faux de crier au chef d'œuvre, mais si on le compare à un volume de la série du « Poulpe », qui présente avec celle de « Martin Mesnil » des affinités (c'est d'ailleurs un signe si Jean-Bernard Pouy en signe une préface goguenarde et si le titre est aussi un clin d'œil aux jeux de mots poulpesques), il serait parmi les plus intéressants de la collection.

NdR – Le roman est une réédition revue et augmentée d'Une manche perdue.
Jean-Noël Levavasseur est un chroniqueur régulier de k-libre.

Article initialement paru le 14 juin 2021
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
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