Le lieutenant Dapper travaille dans le nord de la France. Tout est compliqué pour lui, autant sa vie professionnelle que personnelle. Autour de lui, son fils semble lui échapper et son fils adoptif, un jeune migrant qu'il a pris sous son aile, reste un être complexe, difficile à cerner. Dans une enquête précédente, il a travaillé autour d'une clinique qui a finalement été fermée et incendiée. Il ne peut s'empêcher de revenir dans les ruines. Au début de Tigre obscur, il est confronté à une enquête autour d'une mort. Il y sans doute derrière ce crime une histoire de vengeance liée au suicide d'un jeune homme, harcelé scolairement des années plus tôt. Mais on se demande alors quel est le lien exact. Y aurait-il aussi un rapport avec son propre fils, avec les adolescents migrants qui rôdent encore, comme des fantômes, autour des ruines de la clinique ?
Le nouveau roman de Gilles Sebhan s'appuie surtout sur une vision extrêmement noire. Ce qui semble intéresser l'auteur, c'est d'arriver à l'épure, à cerner au plus près son personnage de policier et son fils, à décrire la noirceur de l'âme et ce qui la sublime. Il subsiste bien sûr une enquête, des interrogatoires, de l'action autour de cette vengeance décrite et qui renforce par sa noirceur propre l'ambiance rude du roman. Ceux qui connaissent verront un condensé des œuvres, par exemple, de quelqu'un comme l'Anglais Robin Cook (pas l'Américain !), en se concentrant sur cette lumière humaine qui parvient à sourdre même au plus profond des ténèbres.
