Quelque part dans un quartier huppé d’une petite ville américaine. Les classes aisées se côtoient, se mélangent, organisent des fêtes de voisins, bref le bonheur. Il faut juste faire attention à ce que certains (ou certaines) ne picolent pas trop, que d’autres ne regardent pas avec convoitise les autres femmes, que les enfants tentent de grandir en réussissant leurs scolarités avec facilité pour pouvoir ainsi intégrer les facultés de l’élite. Mais il faut aussi faire attention à un mystérieux stalker qui se balade la nuit et prend en photo les femmes désirables, avec une adolescente qui court les hommes plus mûrs au détriment de ses camarades de classe (certains la surveillent et diffusent des rumeurs sur Internet), surveiller de loin une jeune veuve qui propose des photos d’elle en déshabillé sur son réseau social particulier. Et, surtout, s’inquiéter d’un nouvel arrivant qui semble bien surveiller de très près sa femme et est peut-être violent. En gros : de quoi aviver les haines et les rancœurs. Dans ce quartier huppé qu’est Alton road, il y a aussi une famille au centre de l’attention : la mère essaie de lutter contre son addiction, la fille réussit l’école mais son père ne veut pas trop financer des études couteuses et préfèrerait qu’elle choisisse une université locale. La fille a également fort à faire avec sa meilleure amie qui se dévergonde et des bruits de chantage qui perturbent tout le monde (peut-être un rapport avec des bijoux qui disparaissent). Lorsque la fête des voisins commence, et que la jeune fille découvre qu’un pistolet circule durant les libations, elle s’inquiète.
Écrit de manière classique sur un sujet classique – les rapports de voisinage dans les banlieues chics américaines (et magnifiés par la série télévisé Desesperate Housewives) -, Très chers voisins se construit sur un long retour en arrière. Au départ, on parle des coups de feu dans la fête et on se déplace sur un site de conversation où les gens évoquent ce qui a pu se passer avant de partir dans un long retour en arrière qui va évoquer quasiment l’année qui précède cette fête et tous les petits soucis du quotidien qui s’en suivent. Construit de manière intelligente, il faut se laisser aller dans cette intrigue légère de Jamie Day, entre humour tendre pour les personnages, quelques pointes de suspense et les désarrois des acteurs du drame en devenir. Cette légèreté d’atmosphère laisse un peu le lecteur en retrait d’une histoire que l’on voit extrêmement balisée, avec les passages obligés du genre. Pour amateurs.