Qu'un médecin veuille mettre fin à ses jours, pourquoi pas ? Quitte à se trancher les veines, procédé des plus hasardeux pour mourir en un temps record, passe encore. Mais qu'un individu se positionne à moins d'un mètre du cadavre, fige ce cliché de profil et l'envoie au commissaire Jens Holtan sans même un commentaire, là, ça commence à sentir l'embrouille. Surtout que trois suicides de notables se succèdent, tous d'anciens militaires, toujours en présence du mystérieux photographe… Qui peut bien vouloir se venger ? Et de quoi ?
Pas de doutes, l'octoopode Gabriel Lecouvreur a bien laissé son empreinte sur le monde du roman polar, au point de servir de référence lorsque l'on tombe sur un polar « classique » version popu, en poche, bien troussé et avec ce je ne sais quoi qui fait qu'on finit toujours par revenir au « Poulpe ». Il faut dire que la collection « Du noir au Sud » de chez Cairn, avec ses formats souvent courts et ses titres en jeu de mots, attire la comparaison. C'est un transfuge de Jigal (dont on a déjà dit tout le bien dont il faut penser même si le présent roman a été édité en 2014 chez Numériklivres) qui s'y colle avec cette histoire moins ambitieuse qu'à son habitude dépourvue des oripeaux du « roman régionaliste » et menée à cent à l'heure avec de petites finesses d'écriture de-ci de-là. Tout au plus regrettera-t-on un mobile quelque peu galvaudé jusqu'à une ultime pirouette bien sentie. Mais parfois, c'est bon de revenir aux racines mêmes du polar en tant que roman populaire…