CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 22
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
Collection :
ISBN : 978-2-02-107970-8
Nombre de pages : 374
Format : 15x22cm
Année de parution : 2012
Titre original : Minnet av en smutsig ängel
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8 / 10

Un paradis trompeur

Série :

Une belle histoire transgenres

Il convient tout d'abord de rappeler que Mankell est un polygraphe de naissance, pour ainsi dire. Son œuvre couvre en effet presque tous les genres, depuis les livres pour adolescents (excellents) jusqu'au roman africain (son chef-d'œuvre étant Comedia infantil) en passant par le théâtre, le polar et le… roman tout court. Où classer celui-ci ? Bonne question : il est un peu historique, puisqu'il se déroule entre 1904 et 2005. Un peu africain : il se passe en effet au sud-ouest de ce continent, pour l'essentiel. Un peu policier : il met en scène une énigme : comment une Suédoise de bonne famille a-t-elle pu finir sa vie comme patronne de bordel au Mozambique ? Mais, même s'il y a des morts, il n'y a pas de crime à proprement parler et surtout pas d'enquête menée par un commissaire ou un privé. C'est le narrateur, lointain descendant de cette Hanna Renström, qui fourre son nez dans cette histoire alors qu'on ne lui a rien demandé. Alors ? Eh bien, disons que tous les amateurs de romans… bien faits y trouveront leur compte à un titre ou à un autre. Intrigue bien menée piquant la curiosité (voilà pour les « polarophiles »), milieu fort bien reconstruit (pour les « historiophiles »), problématique intéressante sur les rapports entre les êtres humains (pour les « romanophiles »), composition et narration soignées, symbolique discrète mais efficace (pour les « littératurophiles »)… Quant au lecteur banal, inclassable, il devrait se laisser porter sans aucune difficulté par ces personnages toujours intéressants, qu'ils soient banals ou pas – il y a même un singe qui n'est pas le moins réussi. On a mis longtemps, en France, pour découvrir l'auteur de polars (disons : une fois la série des Wallander terminée) et on en est maintenant à traduire ses premières réalisations romanesques – ce dont il faut se réjouir à tous égards, même si cela prouve que notre pays est un peu « dur à la détente », tout comme les éditeurs peinent à trouver des titres originaux qui malheureusement s'éloignent des titres originels : une traduction littérale de ce titre serait « En souvenir d'un ange sale », et était sans doute difficile à conserver… Chez Mankell, le message humaniste et anti-intolérance n'est jamais schématique, abstrait et intellectuel au mauvais sens du terme. Il est d'abord et toujours concret et humain. Alors acceptons cette histoire, émouvante et enrichissante à la fois, sur les hasards de la vie sans trop nous poser de questions sur sa nature exacte.

Article initialement paru le 24 octobre 2013
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Au milieu de cette inconcevable pauvreté, je vois des îlots de richesse. Une joie qui ne devrait pas être là, une chaleur qui devrait à peine pouvoir survivre. À l'inverse, je vois chez les Blancs qui vivent ici de la pauvreté au milieu de leur aisance.
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