Canardo a été chargé par le sénateur-maire Dubonot, en campagne électorale, de filer sa femme qu'il soupçonne d'avoir un amant. Pour Canardo, c'est le temps de l'ennui, dans sa voiture pourrie, pendant que Madame Bonnot, une bourgeoise belle et sensuelle, attend en vain son amant dans des chambres d'hôtel. Au même moment, le commissaire Garenni doit faire face à un meurtrier en série qui s'attaque à des gens ayant navigué dans le cinéma porno en 1987. Canardo découvre une photo prise à La Borniche-Lès-Bains où posent sept personnes. L'assassin est au milieu. Cela ne suffit pas à empêcher Garenni de se retrouver à la circulation pour manque de résultats. Dubonot doit faire une campagne stricte pour contrer la candidate verte. Mais sa femme l'inquiète.
Le ton naïf donné aux aventures de Canardo ne fait ici pas défaut. L'intrigue est très simple et on assiste, impuissant, à la résolution lente et meurtrière de l'enquête du privé le plus triste et le plus déprimant de la bande dessinée. Les couleurs trouvent un écho satirique avec les dialogues toujours aussi caustiques, qui donnent aux péripéties de Canardo ce petit quelque chose de génial. Sa solitude n'a d'égal que le fouillis urbain surpeuplé de l'album où le maquillage et le grimage à outrance se prêtent admirablement aux dessins au gros trait. Le tout dans un univers sombre et sale à souhait. Comme tout hard boiled.